La signature du traité devant être paraphé avant la fin de l'année risque d'être reportée. La France doit reconnaître ses fautes durant la colonisation de l'Algérie entre 1830 et 1962, a estimé le président de la République dans un discours fait à Bechar avant de penser sérieusement à la signature du traité en question. En effet, la signature de ce traité est assujettie, à la repentance de la France de ses crimes de guerre commis lors de cette période, d'une part, et l'assainissement des relations entre les deux pays, d'autre part, a-t-il laissé entendre. «Je m'adresse, au nom des Algériens, à la France pour dire que les deux peuples sont amis. Nous ne sommes pas des ennemis. Nous aspirons à la paix et à la prospérité. Mais ce pays doit comprendre, une fois pour toutes qu'il est important de rendre à César ce qu'il lui appartient avant d'aller vers un accord d'amitié», a précisé le chef de l'Etat. Cette mise au point s'adresse implicitement au porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, qui affirmait la semaine dernière: «Les négociations en vue de la signature du traité d'amitié se poursuivent et nous sommes confiants dans leur aboutissement selon les délais prévus» à la suite de la parution d'un article dans l'hebdomadaire L'Express sous le titre «Menaces sur un traité» et qui citait un proche du Premier ministre Dominique de Villepin qui déclare, sous couvert d'anonymat, qu' «il ne paraît pas envisageable, aujourd'hui, de le signer». En juillet dernier, le président du Sénat, Abdelkader Bensalah avait déjà qualifié de «hautement dommageable» au traité d'amitié envisagé entre l'Algérie et la France la loi française du 23 février sur «le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Une allégation auquelle le Quai d'Orsay avait répliqué: «Nous considérons que le travail qui est relatif aux questions de mémoire relève de la compétence des historiens et des chercheurs qui doivent travailler ensemble sur ces questions en toute indépendance». «Ils n'ont pas d'autre choix que de reconnaître qu'ils ont torturé, tué, exterminé de 1830 à 1962 et qu'ils ont voulu anéantir l'identité algérienne», faisant que «nous n'étions ni berbères, ni arabes, ni musulmans, nous n'avions ni culture, ni langue, ni histoire», a-t-il expliqué. Le chef de l'Etat avait également remis les pendules à l'heure en estimant que les Algériens méritaient aussi bien une repentance de la France que les Malgaches. Aussi pour la France, le temps est venu de s'assumer dans le sens de montrer l'image d'une nation qui sait reconnaître les crimes de guerre. Cela ne fera que grandir le peuple français héritier des valeurs de démocratie de la Révolution de 1789. Il s'agit d'abord d'une responsabilité de démocratie avant qu'elle ne soit celle des historiens. Ecrire l'histoire, la narrer dans toutes ses vérités, même si elles sont amères. C'est en quoi aujourd'hui plus que jamais, loin des ressentiments, il y a idée à revenir à plus de sens moral. Pour le président de la République, «il ne s'agit pas de vengeance mais de rétablir des vérités historiques» ni plus ni moins.