À partir d'Oujda, Dominique de Villepin réitère l'engagement de la France à aller jusqu' à la signature du traité. Le traité d'amitié, qu'envisagent de signer l'Algérie et la France pour sceller définitivement leurs retrouvailles, prend les contours d'une arlésienne tant le processus subit régulièrement les contrecoups des déclarations politiques des deux côtés. Le premier ministre français, Dominique de Villepin, a choisi, hier, la ville côtière marocaine Oujda pour lancer un message positif vers Alger. Optimiste, de Villepin déclare que le traité d'amitié algéro-français n'est ni suspendu ni ajourné, mais que “nous continuons de travailler dans l'intérêt des deux pays”. La mise au point est destinée à couper court aux rumeurs distillées de part et d'autre et faisant état d'un arrêt brutal des négociations. “Nous sommes tout à fait désireux d'avancer dans cette voie, et c'est bien là l'objectif de la France comme de l'Algérie”, a-t-il précisé en marge de la 7e rencontre intergouvernementale franco-marocaine. Pour le premier ministre de l'Hexagone il n'est donc point question d'abandonner le traité sur lequel planchent depuis longtemps des groupes de travail mixtes. Y compris pour les sujets qui fâchent dont notamment la reconnaissance par la France des massacres de civils algériens. “Nous sommes en train de travailler dans l'intérêt des deux pays”, dit-il simplement en suggérant que le texte final devrait être expurgé de toute substance de nature à raviver les passions. Et au besoin, le premier ministre français rassure les sceptiques, estimant que “nous sommes donc tout à fait engagés dans ce domaine”. Il faut donc retenir de la déclaration de de Villepin que la France officielle tient absolument à la signature du traité d'amitié avec l'Algérie même si la très controversée loi du 23 février, qui glorifie le passé colonial de la France en Afrique du Nord, a alimenté les doutes sur cette volonté. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'état et néanmoins responsable du parti majoritaire le FLN, a été chargé d'ouvrir les hostilités suivi du président de l'APN qui a fait voté une motion de protestation. S'en est suivie une véritable campagne de dénonciation de la famille révolutionnaire et son entourage immédiat avec comme point d'orgue l'appel à l'abandon du traité d'amitié. Le président, lui, a préféré attendre le 29 juin pour réagir à partir de Tlemcen à l'occasion du 50e anniversaire de la création de l'UGEMA. “Il est difficile de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français, le 23 février dernier, et qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme”. Le ton était ainsi donné et la polémique enflait. Bouteflika a néanmoins appelé plus récemment les autorités françaises et “son ami Chirac” à travailler dans le sens d'un assainissement des contentieux qui bloquent la dynamique de refondation des relations bilatérales. Et la déclaration de de Villepin est à inscrire dans la logique d'apaisement prônée par les deux côtés même si le premier ministre français a réitéré, il y a trois jours, son attachement à la loi du 23 février alors qu'il décorait les harkis. HASSAN MOALI