Le poète Aboubaker Zemmal a dressé hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'Union des écrivains algériens (UEA), un tableau noir sur la situation « dramatique » que traversent les hommes de lettres en Algérie. Ainsi a-t-il tiré à boulets rouges sur l'UEA et le ministère de la Culture pour leur « indifférence » et leur « inertie » face à une telle atmosphère. Outre les assassinats, explique le même intervenant, les écrivains et poètes algériens sont confrontés aux affres de la misère au point que certains parmi eux ont choisi le suicide. D'autres sont « morts dans le dénuement total, à l'exemple du poète Abou Ilias qui est mort d'une crise cardiaque dans un bus, alors qu'il se rendait dans une maison de vieillesse où il résidait jusque-là. L'écrivain Souhil Khaldi continue à ce jour de souffrir dans la maison de vieillesse à Bab Ezzouar ». Concernant son propre cas, il relève avoir proposé un de ses reins à la vente. « J'ai proposé mon rein à la vente et j'ai reçu des propositions pour le céder. L'UEA et le ministère de la Culture n'ont pas agi en conséquence. Pourtant, j'ai reçu des messages de soutien de l'étranger. Dans mon pays, aucun geste de solidarité n'a été manifesté à mon égard. J'ai été reçu par le chef de cabinet du ministère de la Culture qui m'a signifié à l'occasion que ce que j'ai fait est criminel et interdit par la loi », relate le poète. Lui-même adhérent à l'UEA, il indique être en contact avec d'autres adhérents de l'organisation en question pour mener des actions de protestation à l'effet de doter les hommes de lettres d'un statut, lequel les protégera contre les vicissitudes de la vie. Ainsi, poursuit-il, « le mouvement en gestation à l'Union des écrivains est baptisé le mouvement Kaffa. Nous comptons nous adresser en la circonstance au président de la République et au chef du gouvernement, car le ministère de la Culture et l'UEA ne veulent pas nous entendre. En 2001, l'UEA a élaboré une charte pour les écrivains qu'ils doteront d'un statut. Elle reste à ce jour lettre morte. Des responsables de cette organisation ont intérêt à ce qu'elle ne soit pas appliquée. Ils ont des ambitions et font de la politique. Pourtant, même les terroristes ont un statut ».