L'hiver passé, nous avions publié un article sur l'exposition d'un photographe algérien, organisée à Rome par un Suisse, et nous avions souhaité que les ayants droit de l'artiste algérien décédé puissent bénéficier de cette manifestation l Le fils de Mansouri nous a contactés pour dénoncer « cette exploitation sans vergogne » du patrimoine de sa famille. Qu'un photographe suisse, Armand Deriaz, se démène pour faire connaître l'art d'un photographe algérien décédé il y a quelques années, et qui de sa vie n'aurait jamais imaginé que ses photos allaient être exposées en Italie, en France et en Suisse, il n'y pas de quoi être outré... Bien au contraire. Mais que des ouvrages soient imprimés et vendus à 20 euros la pièce, et que les 10 000 photos que détiennent le Suisse soient exposées et utilisées sans que la famille de Mansouri soit consultée, ni invitée, il y a de quoi se poser des questions. Et c'est le grand fils de Mansouri, Chafik, pharmacien à Alger, qui nous a contactés pour nous affirmer qu'il n'a « jamais été consulté par le photographe suisse Armand Deriaz », qui organise à travers l'Europe des expositions des photos de son défunt père, et que de l'argent récolté grâce à la vente des ouvrages et autres manifestations, sa famille « n'avait pas vu l'ombre d'un centime ». Rappelant que l'automne passé (voir El Watan 22 décembre 2004), la province de Rome, avec la collaboration du ministère des Affaires étrangères et de l'Observatoire de la Méditerranée, avait organisé, en hommage au cinquantenaire de la guerre de libération, une double exposition des photos de Mansouri, d'abord dans la prestigieuse Casa delle Letterature (maison des littératures) et ensuite dans l'antique musée Pigorini de la capitale. Lors de la conférence de presse, à laquelle ont pris part l'assesseur à la culture de la province de Rome, Vincenzo Vita, un représentant du ministère des Affaires étrangères, Arnaldo Colasanti, et Armand Deriaz qui fut à l'origine de cette initiative, étaient également présentes l'épouse de l'ambassadeur d'Algérie à Roma, Mme Yasmin Reguieg et la secrétaire générale de la Copeam, (Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen), Alessandra Paradisi. A l'occasion, un ouvrage reproduisant les meilleurs portraits exécutés par Lazhar Mansouri durant des décennies a été mis en vente. Les photos de Mansouri ont déjà été exposées en Europe, notamment dans la Galerie Photo de Montpellier en juin 2003 et au Palazzo Reale de Milan en octobre 2003. Peut-être que le photographe algérien, Mohand Abouda, qui a cédé la collection des photos de Mansouri à Deriaz et qui a participé (puisque son nom figure sur la couverture de la publication) à l'édition du livre publié par l'entreprise italienne Mazzotta, pourrait éclairer les descendants de Mansouri qui ne sont autres que les orphelins de son ancien ami. Et si le photographe virtuose des Aurès a vécu une vie de privation et est mort dans un banal accident de gaz n'a jamais goûté aux fruits de sa création, il serait temps que le droit légitime de ses enfants, de tirer profit de son héritage culturel, soit reconnu et respecté.