Le Front des forces socialistes (FFS) s'est exprimé officiellement contre la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce parti, qui a vivement critiqué la mouture du projet présenté par le président Bouteflika, appelle au boycott du référendum du 29 septembre. La position a été adoptée, jeudi dernier, à l'issue de la session ordinaire du conseil national du FFS. « Le conseil national du FFS a décidé de boycotter activement le référendum sur la charte de Bouteflika », nous a déclaré hier Karim Tabbou, secrétaire national chargé de l'information au FFS. Dans ce but, la direction du parti a mis en place une commission qui se chargera de la confection d'une affiche nationale appelant les Algériens au boycott du référendum. Cette position a été prise, selon l'interlocuteur, après avoir analysé le contenu du texte de la charte. « Nous sommes en face d'un texte le plus pauvre de l'histoire de l'Algérie que la plate-forme d'El Kseur. Sur le plan intellectuel, ce texte consacre le mariage politique entre les islamistes armés et les militaires islamistes. C'est un texte qui garantira l'impunité à tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes économiques, politiques et sociaux », a-t-il affirmé. L'interdiction de débats contradictoires autour de ce projet est, selon Karim Tabbou, « synonyme d'organisation du silence et d'oubli ». « C'est une charte qui fait trois victimes : l'Etat de droit en garantissant l'impunité ; la démocratie en imposant l'interdit et la mise à l'écart du politique ; la société en lui imposant la renonciation à ses droits et à sa liberté au profit du renforcement du régime », a-t-il souligné. Pour le FFS, « le texte de la charte n'appartient pas à Bouteflika, mais il est élaboré par la police scientifique ». « Le chef de l'Etat fait plus dans l'agitation croyant compenser son déficit politique et surtout compenser sa frustration à l'intérieur même du sérail. Il s'est vu contraint de défendre un texte élaboré par la police scientifique. La confusion dans son discours, en faisant des sauts dans le passé, et son incapacité à définir les lignes directrices du futur dévoile sa réalité », a ajouté Karim Tabbou. Pour lui, le contrat de Rome « est le contrat des politiques et la charte de Bouteflika est la charte de la police scientifique ». Karim Tabbou dira que « quelque soient les menaces proférées contre l'opposition, le parti poursuivra sa lutte et réclamera l'identification des criminels et assassins et leur introduction devant les tribunaux ». Vers une participation aux partielles Le plus vieux parti de l'opposition estime que « la manière avec laquelle est menée la campagne pour la charte suffit amplement pour dire que les résultats du référendum seront astronomiques et ressembleront à l'arithmétique de Saddam Hussein à l'époque où il était chef de l'Irak ». Karim Tabbou fait également le lien entre le référendum sur la charte et la dissolution des APC en Kabylie. Selon lui, les assemblées de Kabylie ont été dissoutes pour permettre une caution à la charte de Bouteflika. Le conseil national du FFS a planché également sur la question des partielles. Le débat sur le sujet est enclenché, selon le chargé de l'information au FFS, et la tendance lourde est pour la participation aux partielles. Le parti de Hocine Aït Ahmed semble ne pas vouloir céder ses sièges à d'autres parties. Toutefois, la décision finale sera prise, selon notre interlocuteur, par la base. Cette dernière aura à s'exprimer sur la question à l'occasion de la réunion, au courant de la semaine en cours, des conseil fédéraux des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Une session extraordinaire du conseil national du FFS est programmée, a indiqué Karim Tabbou, pour jeudi prochain afin de trancher définitivement la question. Au menu de la réunion de jeudi dernier, la préparation des activités commémoratives de l'anniversaire du FFS. Un parti fondé le 29 septembre 1963.