La campagne portant sur le référendum du 29 septembre entame, depuis hier, son dernier virage. Incontestablement la Kabylie reste l'unique région où le débat contradictoire prend le pas sur celui à sens unique, développé un peu partout à travers le pays. Ces derniers jours auront été autant d'occasions pour les acteurs politiques de sortir de leur réserve qui pour appuyer la démarche de réconciliation et de paix du président qui pour dénigrer le projet en question. Tout ceci dans un climat démocratique qui dénote on ne peut mieux le caractère pacifique de la région et son degré de maturité politique. Après Louisa Hanoune, du PT, et Belkhadem, du FLN, qui ont eu le mérite d'être clairs au sujet de la réconciliation en y apportant leur soutien, c'est depuis ce week-end au tour du FFS et du RCD de s'opposer à la démarche de Bouteflika. Après Louisa Hanoune du PT, Belkhadem du FLN et bien d'autres qui se sont déplacés à Béjaïa pour prêcher le oui au projet de charte pour la paix sur fond d'argumentaire qui a le mérite d'être clair, c'est , depuis ce week-end, au tour des opposants à la démarche présidentielle de sortir de leur réserve. Il s'agit du Front des forces socialistes, qui appelle à un boycott actif du référendum et du RCD qui invite à un vote négatif. L'entrée en scène du FFS a eu lieu le jeudi à Amizour et Barbacha, deux localités qui ont été rythmées par deux meetings du parti d'Aït Ahmed. Les responsables du plus vieux parti d'opposition n'ont pas mâché leurs mots quant aux amères pensées que cache le projet du président Bouteflika. Si pour les uns, il s'agit là d'une porte ouverte à un troisième mandat présidentiel, pour le locataire d'El Mouradia, il en est presque de même pour d'autres qui ne voient nullement de solution à la crise à partir de cette charte. Le FFS, dont l'anniversaire coïncide avec le jour du vote, compte mettre tout son poids pour boycotter le scrutin. C'est en fait une façon pour ce parti de mesurer sa force avant les partielles, prévues pour le 24 novembre prochain. Le patron du RCD a choisi la localité de Boghni pour mettre à nu les desseins que cache mal le projet de charte pour la paix et la réconciliation. Avec un argumentaire détaillé, Sadi a tenté de relever les faiblesses du projet avant de le qualifier d'un «mandat pour l'éternité». Le camp des opposants se voit renforcé par les dernières évolutions qu'a connues le dossier identitaire. Dans une région fortement attachée à la réhabilitation identitaire et surtout au statut officiel de tamazight, il est à croire qu'un recul s'opèrera dans les intentions de vote, lequel ne pourra que gonfler les rangs des mécontents. Un mécontentement qui reste légitime si l'on considère l'opportunité qu'offre ce référendum pour aplanir à jamais les différends sur tous les plans, y compris l'identité nationale.