Asthme, maladies cardiovasculaires... Les maladies professionnelles illustrent une nette évolution. Entre 1995 et 2005, leur nombre a été multiplié par 2,5%, mais au-delà des chiffres, les travailleurs se plaignent de plus en plus de leur état de santé. Les troubles cardiaques sont insupportables et leur cortège de céphalées, de migraines et de réveils nocturnes est récurrent. Depuis qu'il est parti en retraite, Kada, 63 ans, ne vit plus normalement. « Les séances se poursuivent et se ressemblent chez mon médecin traitant. Je sens mon cœur éclater à tout heure. » Ses ennuis de santé, Kada les a contractés suite à la manipulation, 30 ans durant, de métaux lourds chez ALFON, société publique de métallurgie, sise à Gambetta. Ses douleurs au cœur étaient telles qu'il fut affecté à un poste aménagé, moins exposé à la poussière des fentes métalliques. Mais c'était déjà trop tard car quelques mois seulement le séparaient de sa retraite. Mais une fois en retraite, l'enfer commence. Les poussières qu'il a avalées durant sa carrière, l'ont condamné à vie. Il risque l'infarctus à tout moment. Son cas est loin d'être isolé. « Beaucoup y ont payé de leur vie. Personne parmi les retraité n'y a échappé », témoigne un des retraités d'Alfon. De l'asthme aux maladies cardio-vasculaires en passant par le mal de dos, les migraines ou encore le cancer, beaucoup de travailleurs développent des maladies indélébiles et incurables. Comme l'illustre l'histoire de Kada, l'aptitude des salariés peut être remise en question par des pathologies liées à leur emploi, souvent précaire. « Notre intérêt est de les sensibiliser par rapport à ces risques et avant qu'il ne soit trop tard », soutient un médecin du travail. Pour les employeurs, l'enjeu est de taille. « 1 Algérien sur 5 souffre d'une maladie chronique comme le diabète, l'asthme ou les maladies cardiovasculaires », insiste notre médecin spécialisé dans les programmes de prévention. « Ce chiffre ne cesse d'augmenter sous l'effet conjugué du vieillissement et de la précarité de l'emploi. Les entreprises peuvent difficilement l'ignorer ! La thérapie est souvent coûteuse pour la sécurité sociale », fait remarquer notre interlocuteur. La solution est « de mener des actions préventives dans les entreprises en incitant les employeurs à les doter de moyens de protection. », dira t-il encore. Pour les entreprises, l'intérêt d'initier une politique de santé publique est multiple. Le plus urgent ? Réduire les risques des maladies professionnelles...et leurs coûts exorbitants. La limite entre santé publique et risques professionnels demeure infime, tant les pathologies résultent de facteurs multiples.