La prise en charge des personnes souffrant de maladies cardiaques se pose avec acuité à Timimoun. Hormis l'éloignement qui constitue un des obstacles pour leur déplacement dans les villes avoisinantes ou pour le Nord, les moyens matériels et humains font réellement défaut. Le manque de médecins spécialistes dans la région fait que les quelques praticiens généralistes et autres spécialistes travaillent à la chaîne. Ils sont contraints d'être de garde 24h sur 24h. « Nous sommes sollicités à tout moment de la journée. Nous n'avons ni week-end ni vacances », nous a-t-on confié. Le nombre des malades, particulièrement ceux souffrant de maladies cardiovasculaires, a nettement augmenté. De nombreux cas sont enregistrés chaque année. La moyenne est presque celle enregistrée au niveau d'autres villes du pays. Sauf qu'à Timimoun, située à 200 km d'Adrar et à 1230 km d'Alger, les moyens d'exploration sont inexistants. Le privé offre, certes, ses services, mais ils ne sont pas à la portée de tous. La majorité des centres sont situés à des centaines de kilomètres et les prestations sont hors de prix. Devant cette énorme prolifération du nombre des malades, le personnel médical, particulièrement les médecins, se comptent sur les doigts d'une seule main. La charge de travail devient au bout insurmontable, voire insupportable. Ce qui n'écarte pas des erreurs de diagnostic, une négligence qu'ils peuvent payer chèrement. L'absence de moyens adéquats pour l'exploration de ces maladies cardiaques complique davantage leur mission. Ce qui constitue une difficulté de plus pour établir un bon diagnostic. « Je travaille depuis quelques années avec les moyens de bord. Pour des besoins d'effectuer des examens complémentaires les malades sont obligés de se rendre dans des structures privées et cela leur revient excessivement cher. Mais les choses ne sont pas pour autant réglées pour tous les malades », nous confie un médecin de l'hôpital de Timimoun qui n'a pas omis de signaler l'absence de gynécologues dans toute la ville. « Une femme qui souffre de complications suite à une grossesse doit faire 200 km, c'est-à-dire à Adrar. Ce qui pourrait être inutile dans certains cas. Elle risque de perdre la vie », a-t-il ajouté. Les transferts vers des établissements spécialisés au niveau d'Alger ne sont pas aussi faciles à organiser. Les médecins n'ont ni le pouvoir ni les moyens d'assurer à leurs malades une prise en charge dans ces structures qui sont, elles aussi, souvent débordées. Ce qui rend les hospitalisations pour des soins et des examens complémentaires pratiquement impossibles. Les centres de Diar Errahma à Alger ont été d'un grand secours pour certains malades, nous a-t-on signalé. « Heureusement qu'il y a ces structures qui accueillent nos malades qui n'ont pas de famille ou les moyens de se payer un hôtel », a souligné un médecin. Le constat est ainsi amer. Les maladies cardiovasculaires sont bien là et très importantes dans la région. Selon les propos de certains praticiens, le nombre de personnes souffrant d'hypertension est en nette progression dans cette localité. La prise en charge de l'un des facteurs de risque de ces maladies ravageuses nécessite une stratégie adéquate. L'absence d'un cardiologue complique effectivement la situation bien que le seul médecin interniste sur place ne manque pas de mettre toutes ses compétences au profit de ces populations vulnérables. Son départ pour une autre ville à la recherche d'une situation meilleure, durant trois mois, a suscité le désarroi au sein de cette population. « Ils ont prié pour qu'elle revienne », nous a-t-on dit. L'installation d'un cardiologue et d'autres spécialistes sera d'un grand apport pour ces populations et ces médecins vidés de toute leur énergie. Des solutions doivent exister pour résorber ce problème qui touche pratiquement toutes les villes du sud du pays. L'idée de l'affectation obligatoire des médecins spécialistes pour la promotion 2005 décidée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne peut être que vouée à l'échec si elle n'est pas accompagnée de réelles mesures incitatives.