La rentrée scolaire est compromise pour les écoles privées. Aucun élève n'y est encore inscrit et ne le sera, très probablement, pas. La raison ? « Le retard pris dans l'enregistrement administratif de ces établissements au niveau local », révèle le directeur d'une école privée, nouvellement agrée, à Oran. Alors, rentrée ratée pour cette année ? « Très probablement. Nous n'avons eu l'agrément qu'à la mi-août. Pour nous enregistrer auprès du centre national du registre de commerce, cette administration nous a exigé une autorisation préalable de la wilaya. A ce jour, toutes nos tentatives de nous rapprocher auprès du responsable concerné ont été vaines. Si cette situation perdure encore, elle risque de compromettre, forcément, notre rentrée. Il y a un manque d'information et de coordination entre les différentes institutions », explique le directeur de Sibawaih, une des trois écoles agrées cette année à Oran. Cette école, sise à Gambetta, qui devait dispenser des cours du cycle primaire, devra encore patienter avant d'accueillir ses premiers élèves. Mais un peu plus de retard et l'année sera, de fait, ratée. Trois écoles à El Bahia Sur les huit dossiers déposés auprès du ministère de l'Education nationale, trois ont été acceptés à Oran. Outre Sibawaih, deux autres sont autorisées : Il s'agit de l' « Ecole et loisirs » et « Daïa », situées à Haï Es Seddikia et à Es Sénia. Le programme de Daïa couvre les différents paliers, de la première année primaire à la terminale, alors que celui de « Ecole et loisirs » s'est « spécialisé » dans le premier palier. Ces écoles privées doivent satisfaire à un cahier des charges rigoureux. Les programmes sont les même que ceux dispensés dans l'école publique. « La différence c'est l'introduction de l'enseignement du Français dès la première année, en plus d'une initiation à l'informatique. La particularité de ses établissements est le nombre d'élèves par classe qui ne dépasse pas les 20. Les enseignants ont un capital expérience incontestable. Ils sont mieux rémunérés que ceux du secteur public », promet-on à Sibawaih. Cela en ce qui concerne le volet avantages. Car la qualité a un prix et l'élève doit s'acquitter de 7000 dinars par mois de frais d'enseignement. Mais cela est loin de décourager les parents et la demande ainsi que les attentes sont là. Dilemme Cette école qui a ouvert ses portes, il y a dix ans, dispense des formations en informatique mais surtout en langues étrangères, notamment, depuis l'installation de nombreuses entreprises étrangères à Oran. Son succès ne se dément pas. En témoigne la progression significative de ses effectifs. Ecole privée ou école publique ? A Oran comme ailleurs, le sujet fait débat. A l'échelle nationale, 26 écoles privées sur les 53 ayant déposé leur dossier d'agrément ont été agréées par le ministère de l'Education nationale. L'enseignement « libre » affiche une attente. Car la déception grandit à l'égard du public. Beaucoup de parents semblent opter, résolument, pour le secteur privé pour garantir un avenir meilleur à leurs enfants. Mais cette année, les établissements privés n'accueilleront pas les élèves. Il faudra alors attendre l'année prochaine. Les raisons de cet engouement s'enracinent, « avant tout, dans la recherche d'un bon encadrement, de la transmission de valeurs morales, d'un lien étroit avec les professeurs... », estime un parent d'élève. Pour certains parents, « dans la déception à l'égard du public, aggravée par les convulsions du monde éducatif. » On pense trouver dans le privé un pansement aux plaies du public, accusé de dogmatisme. C'est clair : l'école « libre » choisit ses élèves et ses enseignants.