Depuis le début de cette année scolaire 2005/06, il est un concept qu'il faut désormais intégrer celui “d'écoles public et d'école privé”. À Oran, sur un total de 8 dossiers d'agrément déposés, seuls 3 ont obtenu le quitus de fonctionner, ce qui n'a pas été sans provoquer des grincements de dents chez les “recalés”. Pour ces 3 écoles agréées, 2 ont choisi d'enseigner dans le primaire uniquement, Sibaway et Ed D'yaa. La troisième, “Ecole et loisirs”, ayant été agréée pour les trois paliers. Mais d'ores et déjà, et au vu du premier constat, il faut s'interroger sur les conditions de démarrage de ces établissements, d'autant plus que les dispositions du cahier des charges sont on ne peut plus strictes. Il est à craindre particulièrement à Oran, un début des plus laborieux pour ces établissements privés qui ont une responsabilité vis-à-vis des enfants inscrits chez eux, au prix fort. Nous en voulons pour preuve le choix des promoteurs de l'école Sibaway, qui existent déjà depuis 10 ans, en tant qu'école de langues. notre interlocuteur M. Tabet nous explique les raisons qui l'ont amené à différer à l'année prochaine l'ouverture de son école primaire : “Nous avons reçu l'agrément tardivement en août ; c'est une démarche administrative qui demande beaucoup de temps. il nous faut aménager de nouveaux locaux ; nous avions demandé depuis 3 ans un terrain mais nous n'avons pas eu de réponse… après réflexion et parce que nous ne voulons pas pénaliser les enfants, nous préférons prendre notre temps pour démarrer l'année prochaine.” Notre interlocuteur explique encore son choix de créer une école privée primaire par l'importance des investissements à consentir notamment dans les paliers moyen et secondaire : “Il faut beaucoup de moyens pour ces deux paliers ; il faut des laboratoires et les équiper… de plus, c'est une façon aussi par rapport aux élèves, de ne pas tomber dans la récupération... et travailler dès la première année avec des enfants...” Pour une autre école agréée, école et loisirs, la démarche a été toute autre. en l'absence de la directrice, c'est une enseignante qui nous a reçus. Cette école fonctionnait par le passé au “noir” sous le statut d'association. Aujourd'hui, l'activité se poursuit notamment pour le palier primaire. Les locaux ont été aménagés dans une villa, mais pour ce qui est du moyen et du secondaire bien que des inscriptions ont eu lieu, selon notre interlocutrice, les locaux prévus sont en cours de réalisation. Néanmoins, en nous présentant le projet, cette institutrice nous explique que dans les nouveaux locaux sont prévues 20 classes, 1 réfectoire, 1 cuisine, etc. Notre plus grande surprise a été à la troisième école agréée. Par le passé, cette école avait un agrément en tant que crèche. sur cette lancée, la promotrice ouvre une école privée avec une classe primaire aménagée dans une des pièces de la villa qu'elle occupe en même temps avec sa famille. Une pièce où l'on a entassé des tables d'écoliers et où figurent encore sur les murs des appliques pour lampes. L'administration qui se doit d'effectuer des contrôles, pas uniquement pédagogiques au niveau de ces établissements privés, aura fort à faire à l'évidence. Le directeur de l'éducation qui nous a reçus réagit à la question du respect du cahier des charges en étant, on ne peut plus clair : “Vous savez s'il avait fallu faire appliquer à la lettre le cahier des charges aucune école n'aurait eu d'agrément. L'on nous aurait alors accusé de vouloir bloquer ces écoles.” Quant à savoir comment s'assurer que les conditions matérielles et pédagogiques seront réunies, notre interlocuteur estime que c'est aux parents d'être exigeant d'autant plus que la scolarisation de leurs enfants dans ces écoles est payante : “Ce n'est pas à la direction de l'éducation d'exiger des conditions particulières, l'on s'imagine que tout est du ressort de l'éducation : le transport, l'entretient des locaux … c'est aux parents d'être responsables.” Le débat autour des écoles privées ne faisant en fait que débuter, autour de questions cruciales comme les tarifs d'inscription variant entre 4 000 et 7 000 DA pour le primaire et pouvant aller jusqu'à 14 000 DA pour les autres paliers. La première sélection se fait par l'argent et la seconde par une exigence de niveau des élèves. “nous ne somme pas là pour prendre les recalés des écoles publiques…”, nous dira l'une de nos interlocutrices. La qualité de l'enseignement, également, se pose indirectement puisque les établissements privés vont recruter dans le corps des enseignants ou des retraités. Ainsi, cet enseignant, décrié dans le passé, est le même que celui qui exercera dans le privé désormais. Dès lors, où se situe la différence entre école privée et publique ? sur ce point, le directeur de Sibaway est très clair : “C'est comme partout, il peut y avoir de bons profs et de mauvais mais c'est surtout une question de moyens de support pédagogique et de conditions de travail. avec des classes de 40 élèves, que peut faire un enseignant !” Les écoles privées, nouvellement agréées, affirment que seuls 12 à 15 élèves par classe sont prévus. un chiffre “pédagogique, pour un enseignement individualisé”, nous dit-on encore. En fait, les écoles privées comptent se distinguer par un aménagement des horaires, des supports pédagogiques comme l'informatique, les cours de langues dès la première année et des travaux d'éveil. certains envisagent même des sorties pédagogiques sur certains sites. Mais l'autre question qui se pose est celle des écoles non agréées mais qui fonctionnent malgré tout au grand jour. Là aussi qu'elle va être la réponse de l'administration pour ces cas ? F. Boumediène