A la faveur de l'absence totale de projets de développement, à court et à long termes, Aït Yahia Moussa présente le prototype de ces communes déshéritées et complètement rongées par la misère. Sans perspective et plongées dans l'incertitude profonde, les 22000 âmes qui peuplent près de 40 villages et hameaux que compte la commune pointent, de prime abord, un doigt accusateur sur les responsables de la municipalité auxquels il est reproché la léthargie et l'état stationnaire qui planent à tous les niveaux. Tous les secteurs, du logement jusqu'à l'emploi, en passant par la santé, l'éducation et la culture, sont en souffrance dans la commune d'Aït Yahia Moussa. Du développement local, les habitants de cette localité ne connaissent que le nom. D'ores et déjà, pour ce qui est des projets de construction, les responsables communaux ne cachent pas cette triste réalité : « Aucun projet de logement n'est inscrit au registre des perspectives de la commune », a avoué il y a quelques semaines l'administrateur de la commune. Ce qui veut dire qu'aucune suite favorable n'est réservée aux dizaines de demandes de logements sociaux qui s'entassent sur les bureaux de la commune depuis quinze ans, voire plus. Pour justifier les raisons de cette anomalie, le premier responsable de la municipalité évoque la problématique des assiettes foncières que la commune ne possède pas. Tous les terrains susceptibles de réceptionner des projets de cette nature appartiennent, soit à la conservation des forêts, soit aux particuliers. Même constat pour ce qui est de l'emploi. A l'exception du chantier communal et des établissements scolaires employant un infime nombre de jeunes chômeurs, aucune structure économique à la mesure d'assurer de grands recrutements n'existe. L'investissement privé, quant à lui, n'a jamais vu le jour à Aït Yahia Moussa. Les quelques opérateurs économiques originaires de cette localité préfèrent investir ailleurs que de s'intéresser au développement de cette région. Et le taux de chômage ne cesse de grimper. De ce fait, sans ressource financière, la commune ne doit sa survie qu'aux enveloppes allouées dans le cadre des PCD mais dont le montant est largement en deçà des besoins exprimés. « Le budget accordé par la wilaya à la commune arrive à peine à couvrir la masse salariale et les charges de fonctionnement », se plaint-on à Aït Yahia Moussa. Ainsi, aucun projet d'envergure ne peut être lancé à l'initiative de la commune. A cet égard, citons l'exemple des chemins communaux totalement délabrés et dont le budget communal ne peut pas supporter le revêtement. Par ailleurs, il est étonnant de constater qu'au niveau de la commune , aucun effort n'est déployé pour le désenclavement des villages isolés. En effet, il y a quelques jours, un responsable de la municipalité a avoué qu'aucune démarche n'a été entreprise pour faire bénéficier la région du programme de proximité pour le développement rural (PPDR). Ce dernier, pour rappel, est un programme quinquennal qui s'étale de 2004 à 2009, prévoyant des projets de développement rural que proposeront des responsables locaux et des représentants de la population. L'élection d'une nouvelle assemblée communale, prévue pour novembre prochain, permettra-t-elle de mettre fin à cette agonie ? Telle est la question qui se pose d'ores et déjà à Aït Yahia Moussa.