L'auteur de A quoi rêvent les loups est de retour sur la scène littéraire française, cette fois-ci avec L'Attentat (éditions Julliard), un roman qui relate l'histoire d'un arabe israélien qui oublie les clameurs de la guerre jusqu'à ce qu'il apprenne que son épouse s'est faite sauter au milieu d'un restaurant bondé de Tel-Aviv. L'Attentat est la quête effrénée de cet homme foudroyé dans un voyage vers les recoins les plus inquiétants de l'âme humaine, là où se décide le destin de kamikaze. L'auteur s'est donné pour mission de parcourir toutes les voies de l'enfer auxquelles mènent l'intolérance, le fanatisme et la haine. Et au-delà du contexte de la crise israélo-palestinienne, il aborde avec brio les sujets universels de l'identité, du poids des rêves et des désirs et de la tentation de la facilité. Comme on s'en doute, Yasmina Khadra le fait avec beaucoup de génie et une langue gorgée de lyrisme, un lyrisme de l'horreur. C'est du moins ce qu'on peut constater en lisant l'un des nombreux extraits disponible sur le Net. Dans un entretien accordé à la revue littéraire française, Lire, Yasmina Khadra justifie son choix du sujet de son dernier roman comme étant une nécessité, « Le monde va mal, et les intellectuels regardent leur nombril. J'essaye de lever la tête et de comprendre ce qui se passe autour de moi. Je suis très attentif aux chamboulements qui nous gâchent l'existence. Le roman est un excellent outil de vigilance et de compréhension. En 1997, je disais aux Européens : ‘'Ce qui arrive en Algérie va vous arriver à vous.'' A l'époque, mes terroristes ressemblaient comme deux gouttes d'eau à ceux qui sévissent aujourd'hui. Ils étaient universitaires, des gens de bonne famille, des citoyens parfaits, beaux. Il a fallu aux Occidentaux le 11 septembre 2001 pour me donner raison. Avant, on était dans la caricature, celle du terroriste avec sa barbe et ses haillons. Puis le terroriste a évolué, mais pas l'idée que s'en font les gens ». Mais aucun événement en particulier ne semble avoir inspiré L'Attentat à son auteur : « Depuis longtemps, j'avais l'intention d'écrire quelque chose sur le problème du Proche-Orient. Cette idée a plu à mon éditeur. J'ai fini le roman en deux mois. Dans une sérénité que je ne connaissais pas. J'étais comme emporté, fasciné par mes personnages et leur histoire. En fait, j'ai toujours eu à cœur d'aborder ce thème, car je pense que le problème de l'humanité est à cet endroit : la terre d'Israël est une terre bénie. Et tant qu'il n'y aura pas la paix, il n'y aura pas de répit dans le monde. » Quant aux réactions virulentes que pourrait susciter L'Attentat, Yasmina Khadra estime que ce serait de la mauvaise foi. « Je n'ai pas écrit ce roman en tant qu'Arabe, mais en tant qu'être humain », précise-t-il avant d'ajouter que ce livre est « juste et sincère ; j'ai été loyal avec les uns et les autres, j'ai essayé de défendre mes personnages du mieux que je pouvais ». Enfin, il évalue son écrit comme étant « un roman d'une grande générosité », dont il est très fier. L'Attentat ? Yasmina Khadra Julliard 270 pages