La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a animé jeudi dernier un meeting à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Contrairement à son meeting pour les élections locales d'octobre 2002, où elle avait été copieusement chahutée par les archs, ce week-end, elle a été chaudement acclamée par un public nombreux acquis à son discours. « Parle en français ! » crie quelqu'un dans la salle. « Je parlerai la langue que je veux. En Algérie, il y a deux langues ; l'arabe et le tamazight, que malheureusement je ne parle pas », réplique-telle. Acclamations dans la salle. Pour la responsable du PT, l'occasion est propice pour soutenir la charte pour la paix et la réconciliation et accompagner le président de la République dans sa démarche. « Pour nous, cette charte contient beaucoup de points positifs. On espère que les Algériens voteront massivement oui, car la paix est indissociable de la misère sociale dans laquelle se débattent nos compatriotes. Il faut donner toutes ses chances à la paix et éviter de décréter des mesures d'exclusion. Mais après cela, il faudrait prendre des mesures politiques et économiques et situer plus tard les responsabilités dans cette guerre qu'a connue l'Algérie ». Mme Hanoune évoquera dans sa longue intervention les propositions du parti depuis Saint Egidio, la revendication de l'institutionnalisation du tamazight comme langue nationale et officielle, l'appel à un congrès national en 1998, des pétitions, la satisfaction des revendications lors des événements de 2001 en Kabylie et le dossier des disparus. A ce propos, elle dira : « Rappelez-vous, le mot ‘‘disparus'' était banni du langage. Aujourd'hui, le dossier connaît une avancée remarquable. » La secrétaire générale du PT a réservé de longs moments de son discours à l'économie. Elle a dénoncé le processus de privatisation, « qui a abouti à la fermeture de centaines d'entreprises et à la perte de milliers d'emplois », et a stigmatisé les accords d'association avec l'Union européenne « qui achèveront les entreprises algériennes ». Dans son élan, Louisa Hanoune remet curieusement en cause le concept de société civile qu'elle qualifie de « ramassis ». Pour elle, la démocratie doit être bâtie exclusivement sur les partis politiques, les institutions et les syndicats. Et à Béjaïa, elle a annoncé : « Il ne faut pas croire que la paix s'installera le 30 septembre prochain ». La charte, pour Louisa Hanoune, est le résultat d'un « compromis entre les forces qui composent le pouvoir », mais il reste toujours bon à prendre malgré ses insuffisances et ses zones d'ombre. « C'est la première fois que le peuple est appelé à s'exprimer sur le sujet précis de la paix. Le concept lui-même ne veut-il pas dire que nous avons subi des conditions de guerre ? Un conflit qui a mis aux prises des parties diverses et dont les unes restent non identifiées ? », analyse-t-elle. La vertu cardinale de la charte, selon l'oratrice, est d'ambitionner de faire décréter la paix par le peuple et de permettre les conditions d'un retour au débat politique, « en régression vertigineuse depuis le début de la crise ». Mais le souci premier de la secrétaire générale du PT demeure la consolidation de l'étape par, en premier lieu, des options économiques qui ne mettent pas un surcroît de pression sur la société. Mourad Slimani, Saïd Gada