Un tiers des jeunes maghrébins sont au chômage, contre 10% pour les « Français » de souche « du même âge ». Pour écarter les candidats de « couleur », certaines entreprises et organismes de recrutement utilisent des codes, tels que « BBR » (Bleu-blanc-rouge). Des agences d'intérim ont créé des fichiers informatiques pour répertorier les personnes d'origine étrangère, répondant à une demande des entreprises. Enfin, les diplômés issus de l'immigration rencontrent une véritable barrière à l'entrée du marché du travail. C'est ce qui ressort du rapport sur le CV anonyme remis jeudi par l'ancien président du Haut-Conseil à l'intégration, Roger Fauroux, au ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo. Des mesures non contraignantes « Comme le reste de la société, le monde du travail est donc en retard dans l'acceptation d'une diversité qui caractérise aujourd'hui la population résidant en France », estime Roger Fauroux. L'ancien ministre de l'Industrie avait été chargé en janvier par M. Borloo « d'évaluer l'ampleur des discriminations » et de faire des propositions. Le rapport préconise l'usage du CV anonyme dans les entreprises volontaires, la mise en place de statistiques ethniques. Toutefois, la pratique du CV anonyme est « plus aisée à mettre en œuvre dans les grands groupes que dans les PME » et « cette proposition n'a de sens qu'avec l'engagement sincère de l'entreprise à qui il appartient de la mettre en œuvre », reconnaît le rapport Fauroux. Dans son rapport d'une cinquantaine de pages, M. Fauroux précise que les entreprises « sont invitées à puiser » dans cette boîte à outils « en fonction de leurs besoins et de leur zèle pour la cause de l'intégration », sans que cela ait un caractère contraignant. « Il incombe à l'Etat dans cette affaire de jouer un rôle d'entraînement essentiel », souligne-t-il. Le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, et le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag, se sont dits opposés à la « discrimination positive » dans les entreprises et ont exclu toute mesure législative ou réglementaire, notamment sur le CV anonyme, d'ici à 2007. Les ministres Borloo et Begag ont expliqué jeudi lors d'une conférence de presse qu'ils préféraient une action de « sensibilisation » à toute mesure réglementaire ou législative.