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La malvie au bout de la montagne
Agouni Gueghrane
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2005

Aussitôt la vaste plaine des Ouadhias prend fin, l'immense panorama montagneux se déploie et, avec lui, des habitations de différentes formes architecturales, de style moderne, qui s'accrochent aux cimes des roches. D'emblée, on ne peut s'empêcher d'imaginer à quel point la nature accentue la dureté de la vie dans ces villages.
C'est une zone touristique ou un lieu idéal pour la pratique des sports d'hiver, aurait dit tout visiteur étranger qui y vient pour la première fois. Celui qui y a élu domicile, en a inéluctablement une vision diamétralement opposée : Un lieu où le dégoût accompagne la vie au quotidien. C'est ainsi que se présente une commune comme Agouni Gueghrane, à 43 km au sud de Tizi Ouzou, et qui fait rappeler l'un des illustres maîtres de la chanson populaire d'expression kabyle, Slimane Azem, que ces montagnes ont vu naître. La jeune population est la première à payer les frais du sous-développement de la commune. Désœuvrés et livrés à eux-mêmes, c'est la première impression qui se dégage lorsque l'on constate les groupes de jeunes qui se forment tout au long de la journée aux alentours de la place principale d'Agouni Gueghrane. Les discussions qu'ils improvisent - dans l'intention de fuir l'ennui et la solitude - sont souvent dominées par les sujets relatifs à l'émigration et à l'argent. Un quinquagénaire rencontré au chef-lieu communal synthétise en deux phrases l'état de la jeunesse d'Agouni Gueghrane : « Le chômage dans nos villages ronge les volontés. A part ceux qui ont la chance d'être appuyés par leurs parents et qui investissent dans le petit commerce, comme le transport par exemple, nos jeunes, dans leur majorité, tombent inévitablement dans les bras de l'oisiveté ». Faute de débouchés et de potentialités de création d'emplois au niveau local, l'arrivée de Cevital dans la région après le rachat de l'unité de production de l'eau minérale Lala Khedidja, que l'ETK vient de céder dans le cadre de la privatisation des entreprises publiques en difficulté, est perçue comme une révolution économique et sociale. « Rebrab est le seul espoir qui nous reste », martèle un jeune, la trentaine, qui ajoute : « D'après ce qu'on dit, avec la relance de l'entreprise de l'eau minérale, beaucoup de postes d'emploi seront créés et apparemment, pour le recrutement, la priorité sera donnée aux jeunes de la région ». Tous les regards dans cette commune, que peuplent plus de 10 000 âmes, restent donc rivés sur les 300 postes d'emploi que le nouveau patron de l'EMAG Lala Khedidja a promis de créer prochainement. Unanime, la population voit désormais en ce réputé opérateur économique une bouée de sauvetage pour la frange juvénile que le chômage réduit au dégoût et au désespoir. La rentrée scolaire pour cette année n'a pas eu lieu sans appréhension et le ramassage reste le premier objet de la contestation des parents d'élèves. Les lycéens, qui n'ont d'autre choix que de faire le déplacement jusqu'à la ville des Ouadhias, représentent une lourde charge pour les parents, dont une grande partie reconnaît son incapacité à l'assumer. Au niveau de la commune, les responsables avouent publiquement qu'aucune solution n'est à proposer pour parer au problème du transport des lycéens d'Agouni Gueghrane. « Pour le ramassage scolaire, nous avons deux microbus, dont un vient d'être acquis dans le cadre du PCD, que nous avons affecté pour le transport des collégiens des villages éloignés. En ce qui concerne nos lycéens, la commune n'est pas en mesure de garantir le transport dans l'immédiat mais, à l'avenir, nous verrons lorsque la commune récupérera le camion aménagé qui est actuellement en révision au niveau de la SNVI », affirme l'administrateur communal. Face à la contestation populaire qui demeure en permanence à son pic, les responsables municipaux se confinent le plus souvent à invoquer l'insuffisance des enveloppes financières allouées à la commune. Pour le logement, M. Akil, qui est devenu le premier magistrat de la commune depuis le mois d'octobre 2002, fait savoir que « mis à part l'aide à l'auto construction, aucun projet de logement social n'est en vue dans notre commune ». Reste donc l'habitat rural qui représente l'unique solution valable pour des zones géographiques à caractère montagneux. Agouni Gueghrane, à cet égard, vient de bénéficier de 330 aides à l'auto-construction d'une valeur de 500 000 DA, l'unité. Pour ce qui est de leur distribution, M. Akil a fait savoir que l'opération a été finalisée et les listes des bénéficiaires rendues publiques. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de figurer sur les listes en question, des voies de recours ont été ouvertes et la daïra s'en est chargée.
L'éternel problème du foncier
Pour ce qui est des raisons de l'absence des projets de construction, le premier magistrat de la localité avancera l'épineux problème de l'absence d'assiettes foncières permettant la réception des projets de cette nature. Pour décrire à quel point le foncier représente une entrave à la commune, il évoquera le projet des 20 logements dont a bénéficié la commune d'Agouni Gueghrane en 1998, mais qui a été, par la suite, délocalisé faute du portefeuille foncier. L'administrateur de la commune, sans dissimuler son pessimisme, avoue d'emblée qu'à l'avenir, tout projet dont bénéficiera la commune connaîtra sans aucun doute le même sort. C'est finalement là que réside la raison principale pour laquelle la commune demeure jusqu'à présent dépourvue de nombreuses structures publiques pouvant rendre la vie moins pénible à la population. Une localité accrochée à ce panorama rocheux comme Agouni Gueghrane est donc condamnée à ne connaître aucune extension ni développement infrastructurel. Ni lycée, ni maison de jeunes, ou autre stade municipal, ne peuvent être espérés à l'avenir dans ces hameaux qui ne représentent que des éléments de décor du somptueux Djurdjura. Au niveau des structures publiques déjà existantes, c'est le secteur de la santé qui est sujet à mécontentement. Le centre de soins, sis au chef-lieu de la commune, est ainsi le premier établissement public décrié. De par les services qui y sont fournis, le centre ne répond point aux besoins de la population de toute une commune. Le médecin n'y vient, en effet, que deux fois par semaine et l'infirmier ne fait son apparition que la matinée et son rôle, sur les lieux, se limite aux injections ou, tout simplement, pour signifier aux malades que les médicaments ne sont pas disponibles. Lors de notre virée dans la localité, en tout cas, en début d'après-midi, l'établissement était cadenassé.
Gaspillage d'eau
Au bureau de poste, le personnel est le premier à afficher sa déception et regretter le mauvais état des lieux . Le receveur, sans trop se faire prier enchaîne : « Depuis son inauguration en 1983, cet établissement n'a subi aucun entretien. » Ni les murs, ni les équipements n'ont connu de renouvellement. Le bureau de poste répond-il aux besoins de la population de la commune ? Le receveur, en répondant à cette question, met en exergue le premier problème rencontré et qui a trait à l'insuffisance des fonds (argent liquide) dont les montants restent très en deçà de la demande. « Par mesure de sécurité, et suite à la vague des attaques qui se sont multipliées et ayant ciblé des agences postales et bancaires en Kabylie, nous avons limité ces fonds à des sommes beaucoup moins importantes », explique le receveur. Pour des raisons sécuritaires également, les services postaux ont limité leur présence à Agouni Gueghrane à l'unique bureau du chef-lieu de la commune en procédant à la fermeture du bureau sis à Ath Argane. La pénurie d'eau potable, en cette période d'été, elle aussi, n'épargne pas les habitants de ces hameaux. « L'eau ne coule des robinets qu'une trentaine de minutes tous les deux jours. Une situation qui contraint les habitants à l'achat de l'eau à raison de 1000 DA la citerne », fait savoir un membre du comité de village d'Agouni Gueghrane. Pour expliquer les raisons de ce handicap, l'administrateur de la commune évoque le gaspillage. « Il faut d'abord savoir que dans notre commune, les habitants consomment de l'eau gratuitement et c'est pour cette raison que le gaspillage est devenu courant », dira M. Akil. Il est utile de préciser que le réseau AEP dans la localité d'Agouni Gueghrane a été installé avant l'indépendance et, actuellement, il est pris en charge par la commune. Pour remettre de l'ordre dans la distribution de l'eau, la commune se prépare pour le transfert de la gestion du réseau AEP à l'Algérienne des eaux (ADE) qui le soumettra à la facturation. Outre les habitants, la nature, elle aussi, n'est pas épargnée par la disgrâce. Le phénomène de la pollution, que l'on croyait jadis ne concerner que les centres urbains, avance à pas de géant à Agouni Gueghrane. A l'entrée du chef-lieu communal, l'immense décharge publique d'où se dégage en permanence une fumée avec l'odeur nauséabonde qu'on lui connaît, accueille les visiteurs à bras ouverts. En contrebas du chemin communal, des tas d'ordures ménagères sont jetés quotidiennement en dépit de la contestation de la population. La commune, encore une fois, fait preuve d'incapacité à gérer le problème. « Aucun terrain répondant aux critères nécessaires n'est à la disposition de la commune », reconnaît M. Akil. Au registre des facteurs polluants, à la décharge publique, vient s'ajouter ces dernières années les eaux usées qui se déversent dans la nature au même titre que les rejets des huileries qui sont énormes pendant la saison de la cueillette d'olives. Pour venir à bout de cette contrainte, le premier responsable de la municipalité a fait savoir qu'une étude a été effectuée récemment pour le compte des services de l'hydraulique pour la réalisation des bassins de décantation des eaux usées, et ce dans le but de protéger le barrage de Taksebt qui s'alimente, en grande partie des rivières découlant du Djurdjura. Après avoir dénombré toutes ces tracasseries qui inondent sans discontinuité ses services, l'administrateur de la commune regrette l'absence d'une APC et fait preuve d'une certaine satisfaction quant à la tenue prochainement d'élections partielles en Kabylie. « L'absence d'une assemblée élue est, en partie, à l'origine de certains blocages, car les prérogatives d'un administrateur sont toujours limitées à la gestion des affaires courantes », reconnaît-il. En guise d'illustration, il citera l'année en cours où la commune n'a bénéficié que de trois opérations dans le cadre du PCD ; un réseau AEP et deux opérations pour la réfection de routes.


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