La salle omnisports de l'Opow Souidani Boudjemaâ de Guelma était hier archicomble, avec comme bonus zorna, bendir et même des parades de scouts, une image digne des années du parti unique. C'est qu'il s'agissait de la venue de Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et SG du FLN. Après avoir cité et glorifié certaines figures historiques de la région - Houari Boumediène, Souidani Boudjemaâ et bien d'autres encore -, il dira à propos de la réconciliation nationale que son avènement est opportun et inévitable suite à trois appels : celui de Dieu, celui de la conscience et enfin celui de la patrie. Puis, il s'étalera sur les différentes étapes ayant mené au référendum sur la réconciliation nationale et les conséquences de chacune d'elle. D'abord, la politique de la rahma. A ce propos, lors d'un point de presse tenu juste après le meeting et à la question de savoir s'il faut reconnaître que le travail ayant mené à ce point-là, au référendum, avait été entamé par Zeroual, il a répondu qu'il l'avait dit. Puis, l'étape de la concorde civile qui a permis la restitution de 8000 armes, le traitement de quelques dossiers de disparus (d'autres sont en voie de l'être), etc. Lors du meeting, une voix s'est élevée du fond de la salle pour dire qu'on défendait les égorgeurs. Belkhadem incitera ses assistants qui s'en sont pris à la personne en question à la laisser dire ce qu'elle voulait, elle est dans un pays démocratique et si elle voulait voter contre la réconciliation nationale, elle est libre. En réponse à une question d'un journaliste voulant savoir s'il y a un sens à donner à la réconciliation nationale, il dira : « Nous voulons créer un climat général pour tourner la page et non la déchirer. » Y aurait-il un dialogue avec les gens de l'ex-FIS après le 29 septembre ? « Pas de dialogue », répondit-il fermement. Puis il insiste, s'adressant aux journalistes, sur le fait de lire le contenu de la charte pour la paix et la réconciliation, car selon cette dernière, toute personne ayant commis quelque crime que ce soit doit le payer légalement : passer devant la justice. Par ailleurs, à Skikda, et devant une salle archicomble le secrétaire général du FLN a prononcé une allocution vouée à la charte pour la paix et la réconciliation. Se sachant dans une wilaya des plus meurtries par les affres du terrorisme, Belkhadem tiendra d'emblée à expliquer le retard dans le développement des régions de Skikda par les ricochets sanglants de la décennie noire. Il usera de métaphores pour expliquer le bien-fondé de la charte « pour que cessent les pleurs et pour en finir définitivement avec les malheurs de cette douloureuse période », dira-t-il. Il tiendra également à revenir aux « acquis de la politique initiée auparavant dans le cadre de la concorde ». Puis, avec un air enjoué, Belkhadem brandira une enveloppe et d'entonner : « Je vous apporte une bonne nouvelle. Ce matin même alors que je me trouvais à Skikda, j'ai reçu la demande de 18 élus de la wilaya de Batna appartenant à un parti opposé à la réconciliation qui demandent officiellement à intégrer notre parti. Nous leur disons soyez les bienvenus parmi nous. » Il évitera, cependant, de donner plus de détails, mais selon des sources crédibles , il s'agirait d'élus du FFS. Pour Belkhadem, l'option du référendum choisie par le président Bouteflika n'est qu'une preuve tangible de la volonté d'impliquer tout le peuple. « Bouteflika est aussi le président du FLN et il dispose d'une large majorité parlementaire, il aurait pu légiférer directement sans consulter le peuple », dira-t-il. Craignant une participation faible, Belkhadem passera plus de dix minutes à convaincre les militants présents auxquels il demandera d'aller voter en masse. « Si l'initiative de la réconciliation trébuche, tout un peuple trébuchera avec elle. Vous devez donner une leçon à tous ceux qui en doutent. » Il s'adressera aux femmes présentes dans la salle pour leur demander d'aller voter et « d'opter pour le bulletin bleu ». Dans le même contexte, Belkhadem donnera l'impression de s'attaquer à toute récupération de la démarche de la réconciliation. Usant toujours d'allusions, il fera comprendre qu'aucun parti n'en détient l'exclusivité : « C'est l'affaire de tout un peuple ». Non sans égratigner au passage tous ceux « qui croient détenir les vérités » théologiques fussent-elles ou politiques. Il reste à souligner que jamais la salle Aïssat Idir n'a connu une aussi grande affluence. L'assistance était plus nombreuse, presque le double que celle qui avait assisté au discours du président de la République le 20 août dernier. Abdelwahab. Boumaza, K. Ouahab