Le l16 août 2004, la chambre d'accusation près la cour d'Oran a rejeté l'appel concernant l'ordonnance d'écrouer mon mari M. Ahmed Bennaoum le 28 juillet prononcée par le magistrat instructeur près le tribunal d'Es Seddikia. J'étais convaincue Monsieur le président de la République que mon mari n'allait sortir de prison car, ceux qui ont programmé sa mise à mort ne pourraient pas donner un coup d'arrêt à leur macabre scénario. Conscients de son état de santé, critique, ils se sont jurés de le tuer à petit feu dans le silence d'une cellule. Pourtant, les magistrats qui ont instruit l'affaire pour laquelle mon mari a été écroué sont conscients de la légèreté des charges pour lesquelles il a été poursuivi. Des charges qui lui ont valu son emprisonnement pour une affaire qualifiée arbitrairement de pénale ( ?!). Que reproche-t-on à mon mari ? D'avoir servi sans faillir son pays et ses institutions ? D'avoir édité des journaux devenus des véritables tribunes pour les sans-voix et les opprimés et qui ont dérangé des intérêts occultes et mafieux ? Qui vous avait soutenu durant tout un mandat ? De vous avoir préféré un autre candidat ? Au lieu de lauriers pour son dévouement au service de sa patrie Monsieur Ahmed Bennaoum s'est vu qualifier de trafiquant, de faussaire et de voleur ! Vous n'êtes pas sans savoir, Monsieur le président de la République, que du temps où vous étiez à la tête de la diplomatie algérienne, M. Bennaoum avait, au risque de sa vie, convoyé des sommes inportantes aux révolutionnaires des pays africains encore en lutte. Il n'avait pas volé, il n'avait pas détourné une partie des fonds qui étaient pourtant à sa portée. Ce n'est pas à son âge qu'il osera toucher aux biens d'autrui. Il faut en convenir. Monsieur le président de la République, les journaux de mon mari vous ont soutenu durant votre premier mandat. Ceux qui s'acharnent aujourd'hui contre lui sont ceux qui lui conseillaient alors de lancer contre vous une campagne de dénigrement ou d'emboîter le pas aux autres titres qui affichaient ouvertement leur hostilité à tous vos projets et à votre programme. Monsieur le président de la République, je ne peux que vous rappeler que durant votre traversée du désert, vous aviez été chargé de tous les maux et accusé de tous les crimes. Mais cela a-t-il altéré votre fidélité à votre patrie et votre dévouement dans l'exercice des hautes charges qui vous sont aujourd'hui confiées ? Ahmed Bennaoum, conscient et convaincu des principes de démocratie et de l'état de droit, a cru bon, au moment où les autres faisaient preuve d'hypocrisie, d'afficher clairement sa préférence et sa sympathie pour un autre candidat à l'élection présidentielle. Mais est-ce cela un crime impardonnable, passible de la cour martiale dans une Algérie résolument tournée vers une réconciliation nationale ? Monsieur le président de la République, si je me suis permise aujourd'hui de vous solliciter, c'est parce que tous mes efforts ont buté contre l'incompréhension des autorités locales. Vous êtes, de par votre qualité de premier magistrat du pays, le garant des libertés individuelles et des droits des citoyens. Je suis une mère de 4 enfants qui a juré de défendre, jusqu'à son ultime souffle, son mari innocent,t aujourd'hui victime d'un complot innommable. Mon mari est innocent des crimes qu'on veut lui imputer. Son état de santé s'est détérioré depuis son incarcération. Ceux qui ont décidé son emprisonnement portent l'entière responsabilité des conséquences qui pourraient survenir. Moi, madame Bennaoum, et mes 4 enfants prenons à témoin l'opinion publique et tous ceux qui sont épris de justice. M. Bennaoum n'est ni un faussaire ni un trafiquant et encore moins un voleur. C'est un patriote convaincu qui paye aujourd'hui, dans des conditions inhumaines, son dévouement et sa fidélité à l'Algérie. Monsieur le président de la République, vous êtes aujourd'hui notre ultime recours, faites que la justice triomphe et que Bennaoum revienne à sa famille et à ses enfants.