Le ministre de l'Intérieur italien s'est présenté au sommet informel de New Castle (Grande-Bretagne), qui a réuni les 25 représentants de l'Union européenne (UE) avec une série de propositions pour coordonner la lutte contre le terrorisme. Giuseppe Pisanu a souhaité que la liste des immigrés maghrébins expulsés au lendemain des attentats de Londres soit reconnue par la police des autres pays et que ces derniers puissent ainsi emboîter le pas à l'Italie. Concernant la dernière vague d'expulsions, le représentant du gouvernement de Silvio Berlusconi a répondu à ceux qui l'accusent d'avoir mis au point « des mesures arbitraires » pour démanteler les cellules terroristes dormantes en disant : « Avant de procéder à l' expulsion de ces immigrés, il a été établi que ces personnes représentent un réel danger pour la sécurité de notre pays, même s'il n'a pas été possible de recueillir des preuves contre eux permettant de les arrêter et de les juger. » Les mesures sécuritaires pour combattre le terrorisme, adoptées le mois d'août dernier par le gouvernement italien, autorisent désormais le ministre de l'Intérieur ou les préfets à procéder à l'expulsion manu militari de toute personne jugée « dangereuse pour l'ordre public ». Même si cette dernière introduit un recours - en général, elle n'a pas le temps de le faire -, l'application de l'expulsion n'est pas suspendue. C'est ce qui est arrivé dernièrement à un autre Tunisien, Fayçal Ben Saïd, 42 ans, épicier, expulsé de Azzate, une petite ville au nord de l'Italie. Accusé d'être « un sympathisant du terrorisme », Ben Saïd a été embarqué pour la Tunisie, laissant seule sa famille. L'information concernant l'expulsion d'un Algérien a été communiquée tardivement par le Viminale (ministère de l'Intérieur). Accusé d'être un membre du Gia, Kamel Bouraïb a été intercepté par la police de Pérouse pour expiration de la durée de validité du permis de séjour et expulsé pour ce motif. Les autorités italiennes, affirmant que Bouraïb était suspecté d'appartenir au Gia et d'être en contact avec des éléments qui ont commis les attentats de Madrid, ont expliqué que l'expulsion n'est pas due à des activités terroristes. Le nom de Kamel Bouraïb avait été évoqué, pour la première fois, par la presse espagnole, au lendemain du suicide collectif du groupe accusé d'avoir commandité les attentats de Madrid, le 11 mars 2004. Parmi les membres de la cellule identifiés par la police espagnole et qui ont préféré mourir en faisant exploser le refuge où ils avaient été encerclés par la police, il y avait un Algérien, Allekema Lamari. En retraçant l'histoire de cet Algérien, qui aurait travaillé comme agent de saisie à la direction de la sécurité nationale, à Alger, selon le quotidien espagnol El Mundo, est apparu le nom de Kamel Bouraïb. Selon les investigateurs, Lamari aurait envoyé, en 1997, une somme d'argent, en lires italiennes, à Bouraïb. Ces informations recueillies par le célèbre juge espagnol antiterroriste, Juan Del Olmo, ont permis à la police italienne de mettre sous surveillance Bouraïb. Mais au lieu de l'arrêter pour établir s'il était effectivement actif dans une cellule dormante, les agents de la police antiterroriste, Digos, ont préféré, semble-t-il, attendre que son permis de séjour expire. A part les expulsions, l'autre point sur lequel les chefs des polices européennes ne se sont pas mis d'accord concerne le stockage des données relatives aux appels téléphoniques et aux échanges sur internet.