L'usage du béton dans la construction des chaussées devra remplacer incessamment le coûteux bitume », plaident les scientifiques et les professionnels réunis depuis hier à Alger au séminaire sur les technologies du béton. Se tenant pour la deuxième année consécutive, cette manifestation, organisée par Algerian Cement Company (filiale du groupe égyptien Orascom Industries), est intitulée « Le béton, matériau des grands défis ». Un thème que les organisateurs n'ont certainement pas retenu fortuitement d'autant que le « grand défi » de l'heure, du moins l'un des plus importants chantiers initiés par l'Etat, reste l'autoroute Est-Ouest. Présent lors de la cérémonie d'ouverture, le représentant du ministre des Travaux publics, Hocine Necib, directeur central des routes, devait d'emblée donner le « quitus » des pouvoirs publics quant à l'emploi de ce matériau. « Nous envisageons sérieusement de recourir à l'usage du béton dans l'édification des chaussées, notamment le projet de l'autoroute Est-Ouest. Ce choix répond à des considérations économiques dans la mesure où l'entretien d'une chaussée ainsi conçue coûterait beaucoup moins cher qu'une voie construite à base de bitume », explique-t-il. Le directeur des études techniques de l'Agence nationale des autoroutes (ANA), Mokhtar Boularak, lui emboîte le pas en usant du langage des chiffres. « Les chaussées représentent environ 30% des coûts d'une route ou d'une autoroute et mobilisent plus de 80% des budgets alloués aux travaux d'entretien ; ce qui justifie l'attention que portent de plus en plus les concepteurs et les gestionnaires à l'optimisation des dépenses qui leur sont réservées », soutient-il. Pour le spécialiste-gestionnaire, le mètre linéaire de chaussée souple (bitumée) reste « excessivement cher » à entretenir même si son coût de fabrication (27 500 DA) est inférieur à celui fait à base de béton (30 300 DA). « Notre souci majeur est le coût de l'entretien. Une autoroute bétonnée reviendrait pratiquement beaucoup moins cher compte tenu de sa (longue) durée de vie », martèle-t-il. Et de s'appuyer sur les expériences des pays développés : « Dans certains pays, les voies urbaines ou suburbaines sont fréquemment dotées de revêtements bétonnés. Ces revêtements d'épaisseur moindre que dans le cas des grandes voiries sont très durables et peu sonores. » La parole est ensuite donnée à Francis Voegelle, spécialiste français dans les grands projets d'infrastructures de base. Travaillant pour le compte de multinationales européennes, cet ingénieur a à son actif l'édification d'une autoroute en Allemagne. « L'usage du béton est systématiquement retenu dans ce genre de réalisation. Il est économique, il a une durée de vie longue et est réalisable partout dans le monde », dit-il. Reste que le recours à un tel procédé suppose la disponibilité du ciment et des agrégats. Y en aurait-il assez ? Les uns estiment que la production nationale est assez bien fournie, d'autres, à l'image de certains décideurs, se disent « non inquiets » si les besoins venaient à se faire sentir. « D'éventuelles importations supplémentaires de ciment, afin de concrétiser le projet de l'autoroute, n'influeront aucunement sur la trésorerie de l'Etat », rassure Hocine Necib du ministère des Travaux publics (voir minientretien ci-dessous). Longue de 1215 km, l'autoroute Est-Ouest devra relier Tlemcen et Annaba. Son coût étant de 7 milliards de dollars.