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Du mépris à la réconciliation ?
Publié dans El Watan le 18 - 09 - 2005

Avril 1999 Bouteflika est élu président de la République avec comme objectif principal, le rétablissement de la paix. Trois ans plus tard, en avril 2001, le sang coule en Kabylie. Des jeunes sans défense, les mains nues, sont assassinés par des gendarmes.
Bouteflika « l'homme de paix » préfère aller au Nigeria discuter du sida au lieu de tenter d'apaiser la situation en Kabylie. Pour lui, l'assassinat de Guermah Massinissa, à l'intérieur de la brigade de gendarmerie de Béni Douala, est sans intérêt. Ils seront des dizaines à se faire massacrer et Bouteflika ne bougera pas le petit doigt. Pouvait-il agir autrement, lui qui, en septembre 1999, durant la campagne pour la concorde civile, s'était déplacé à Tizi Ouzou pour narguer les Kabyles et leur dire que le tamazight ne sera jamais une langue nationale et officielle, avant de traiter les citoyens de Béjaïa de « nains ». Durant trois années, de 2001 à 2004, le président de la République n'a pas eu un seul geste de compassion envers la Kabylie. La crise vécue par cette région, qui a perdu 125 de ses enfants, n'a suscité chez le Président que mépris, froideur et indifférence. Durant trois ans, tout a été fait pour plonger la région dans un chaos politique et social. Beaucoup pensaient que le Président Bouteflika, qui a été accueilli par des jets de pierres lors de la campagne pour la présidentielle de 1999, se vengeait ainsi de la Kabylie. Aujourd'hui, la crise est passée, la Kabylie a réappris à vivre, après avoir été déstabilisée, anéantie, déstructurée. Abdelaziz Bouteflika n'a jamais eu un geste de paix envers la Kabylie, alors qu'en six ans de règne, il a fait des mains et des pieds pour convaincre les terroristes de déposer les armes. Demain, le Président fera sa première visite officielle à Tizi Ouzou, six ans après son arrivée au pouvoir. Depuis l'assassinat de Guermah Massinissa en avril 2001, il n'a jamais reconnu, dans un quelconque discours officiel, la responsabilité de l'Etat dans le drame vécu par la Kabylie. Il n'a jamais eu un seul mot de compassion envers les familles des victimes du printemps noir alors qu'il a fait le contraire pour les familles des terroristes. Au moment fort de la crise, il est allé monter d'autres régions du pays contre la Kabylie, qu'il accusait de vouloir diviser le pays. En 2004, lors de la campagne présidentielle, le meeting de Bouteflika à Tizi Ouzou s'est déroulé dans un climat très tendu. Des émeutes violentes avaient éclaté en ville. Lundi 19 septembre, le Président sera à Tizi Ouzou pour prôner la paix et la réconciliation. Son meeting prévu au stade du 1er Novembre, sera-t-il un moment de réconciliation avec la Kabylie ? Bouteflika est-il resté l'homme méprisant une région qui ne l'a jamais adopté ? Rien n'est sûr. Mais une chose est certaine. Il n'y aura presque personne pour le déranger. Il profite ainsi de la dislocation de toutes les structures et organisations sociales ou politiques pour descendre à Tizi Ouzou en conquérant. Un conquérant qui, selon ses partisans, profitera de son déplacement pour annoncer certaines décisions prises dans le cadre du règlement de la crise et la satisfaction de la plateforme d'El Kseur. Aujourd'hui, le président de la République a réussi à avoir le soutien implicite du mouvement des archs, qui, depuis des mois, négocie avec Ouyahia. Les délégués des archs qui ont décidé, le week-end dernier, de laisser les citoyens libres pour le référendum du 29 septembre, après avoir durant des mois imposé leurs décisions à la population, affichent une sorte de neutralité dont l'objectif inavoué est de ne pas déranger la démarche du Président, au moment où toutes les forces démocratiques du pays s'opposent au projet de la charte. Entre Bouteflika de 1999 qui a juré que jamais tamazight ne sera langue officielle et qui, en 2001, a fermé les yeux sur les assassinats des enfants de la Kabylie et Bouteflika de 2005 y a-t-il vraiment une différence ? Pas sûr. L'homme est tellement imprévisible que tout est possible.

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