On l'appelle parfois le « nouveau nid à problèmes » ou, plus clairement, le « taudis ». En façade, Haï Essabah est une volée de blocs d'immeubles blancs. A l'intérieur, c'est un immense labyrinthe sans véritable cadre de vie. Ça et là, dans ce coin mal greffé à l'est d'Oran, où les constructions s'invitent de plus en plus, les nouvelles cités dortoirs ont transformé cet espace en un insalubre gourbi. Chaque matin, pour se rendre à l'école, les enfants remplissent le peu de bus qui desservent cette zone périphérique. Un CEM sensé être réceptionné lors de cette rentrée scolaire, ne s'ouvrira finalement pas de si tôt. Si le bloque pédagogique est achevé, il reste encore le bâtiment administratif à réaliser. Devant ce retard, les parents d'élèves réclament « l'ouverture immédiate de ce collège comme solution d'urgence, car leurs enfants souffrent le martyre dans les bus archicombles qui les prennent chaque matin pour se rendre à l'école. » « Les élèves prennent, en effet, le bus jusqu'à l'USTO pour se rendre à l'école. Beaucoup parmi eux ratent leurs cours », témoigne un père de famille. Pour sa part, la Direction de l'éducation clame qu'une telle décision ne saurait venir que de la tutelle, c'est à dire du ministère de l'éducation. Mais, cette dernière aurait refusé de réceptionner ce CEM jusqu'à l'achèvement de la totalité des travaux. En attendant, les élèves devront donc prendre leur mal en patience car les travaux traînent en longueur. Il reste 20% des travaux, en effet, à achever. La situation de l'entrepreneur, caractérisée par un retard de paiement, aurait influé sur la durée des travaux. Manque chronique d'écoles Haï Essabah, où les immeubles poussent comme des champignons, n'est pas le seul nouveau quartier où tout manque, mais c'est un cas d'école en matière d'insuffisance d'infrastructures éducatives. « C'est facile de s'en prendre à l'Etat. Mais ce dernier ne peut pas tout réaliser à la fois », soutien un cadre de la DLEP (Direction locale des équipements publics.) Si sur le plan des infrastructures, on note la réception d'une centaine d'écoles et lycées, cette année à Oran, dans beaucoup de zones périphériques, les riverains réclament un véritable plan marshal pour palier à la carence en équipements éducatifs. Beaucoup d'écoles sont à construire car ici le parc d'équipement est inadapté et insuffisant. « Si, certes, le foncier est loin d'être rare, il reste que les entreprises du BTP sont débordées », soupire un conseiller municipal de Bir El Djir. Des instructions fermes ont été données par le ministre de l'éducation nationale aux différents responsables du secteur au niveau local afin de suivre de près les chantiers et de veiller au respect des délais de réalisation. En dépit du lancement de beaucoup de chantiers, les délais de réalisation sont mal maîtrisés, à en juger par les critiques qui pleuvent sur les carences en infrastructures éducatives dans la banlieue oranaise. Les riverains dénoncent ainsi « la carence massive et prolongée de cette zone en équipements scolaires ». En manque chronique d'écoles, le site qui est frappé d'une urbanisation d'urgence, a accueilli des populations sans leur prévoir -du moins dans l'immédiat- des équipements indispensables (crèches, écoles). « Il y a certes des efforts louables de l'Etat, mais à ce rythme-là, il faudra encore vingt ans pour résorber le déficit », s'impatiente un parent d'élève. En dépit de nombreux programmes qui se sont déployés dans cette zone depuis une dizaine d'années, Haï Essabah semble être l'exemple même d'une zone sociale qui a raté sa requalification en ville nouvelle et dynamique.