Pour sa première sortie depuis son installation à la tête de l'exécutif de la wilaya de Annaba, Brahim Benghayou ne s'est pas trop exprimé sur le pourquoi du comment de certaines situations négatives dans les différents chantiers de la daïra de Annaba. « A chaque fois que je vous demande de m'informer sur telle ou telle autre situation dépendant de votre secteur, vous répondez ne pas être au courant », avait-il apostrophé le directeur du logement et des équipements publics (DLEP) de la wilaya. Ce rappel à l'ordre d'un membre de l'exécutif est très significatif de la médiocrité dans la gestion des différentes structures de l'Etat dans la wilaya ces dernières années. En 2004, à la même époque, le gestionnaire de la DLEP avait été rappelé à l'ordre par l'ancien wali. Publiquement, un entrepreneur l'avait dénoncé pour avoir été à l'origine d'une démarche très douteuse dans le paiement d'une situation de travaux inhérents à la réalisation de la salle de sport du lycée El Hadjar. Un rappel à l'ordre sans suite puisque, à ce jour, cet entrepreneur n'a toujours pas été payé. Différentes plaintes et autres affirmations de tentatives de corruption, déposées par plusieurs entrepreneurs auprès du tribunal de Annaba et El Hadjar, pourraient expliquer cette méconnaissance de la réalité du terrain par des membres de l'exécutif. Et si du côté de la grenouillère l'extension du port de pêche suit normalement son cours et que les délais de réalisation seront respectés, il n'en sera certainement pas de même des logements AADL à la Colline rose, le téléphérique et la piscine olympique du 19 Mai. Avec les 345 ML supplémentaires induites par l'extension de l'anse de la grenouillère et de réparation des slips ways, ce petit port de plaisance et de pêche réduirait quelque peu les problèmes des patrons pêcheurs. Initialement prévu pour une flottille de 164 bateaux de pêche, il est passé à 254. Piscine en souffrance Les travaux de cette extension, réalisés dans le cadre du programme d'équipement de la wilaya, seront réceptionnés en avril 2006. Ils ont nécessité une enveloppe financière de plus de 698 millions de dinars. Ce qui n'est pas le cas de la piscine olympique, dont la réalisation était en souffrance depuis plus d'une décennie. Lancés à la fin de l'année 2001, les travaux avaient connu plusieurs arrêts. Leur timide reprise ne plaide pas pour une réception même à moyen terme de cette 2e piscine olympique du pays. « Comment se fait il que les travaux de montage de mise en place de la charpente métallique de cette piscine aient fait l'objet d'un marché de gré à gré alors qu'ils nécessitaient un avis d'appel d'offres », a interrogé le directeur de l'exécutif un de ses proches collaborateurs. Et même si le maître de l'ouvrage est une entreprise publique, la présence de sous-traitants expliquerait pas mal de situation dans les différents dossiers de marchés publics dans la wilaya de Annaba. C'est au niveau du téléphérique que le laisser-aller, l'incompétence et la magouille s'étaient installés dans la durée. En butte à des problèmes de gestion depuis 1997, exploitée par un privé sur la base d'une convention signée avec la commune de Annaba en août 1996, cette infrastructure avait été conçue par Pomagalski (France). Elle était destinée au transport Annaba-Seraïdi de 800 personnes/heure au moyen de 68 cabines de 6 places. Elle avait été réalisée en 1997 et mise à l'arrêt fin octobre 1999 à la suite des conclusions très critiques d'une inspection périodique de sécurité établies par Verital. La réouverture de ce dossier, avec une expertise approfondie de sa gestion et des différentes conventions signées, pourrait mettre à jour une affaire de délit de droit commun. La gestion entourée de flou de ce téléphérique a été à l'origine du grave préjudice commis à la population de la commune de Annaba. Non contente d'avoir cumulé des bénéfices importants tout au long de ces 2 années d'exploitation sur les 30 prévues par la convention, la société privée a poursuivi en justice et obtenu gain de cause pour un préjudice que lui aurait commis la commune de Annaba. Conséquence, le Trésor public a été allégé de plusieurs dizaines de millions de dinars, le téléphérique ne fonctionne toujours pas, ses locaux ont été transformés en un dépôt de ferraille et en atelier mécanique, et la population de Seraïdi subit toujours le diktat des transporteurs taxi et en commun. Ayant certainement tiré les enseignements de la malheureuse expérience vécue par son prédécesseur limogé pour s'être attaqué à la mafia locale, le nouveau wali ne semble pas être prêt à entamer un autre bras de force avec les corrompus, les corrupteurs et les animateurs de la mafia du foncier.