De Gharbi Aïssa à Chaouli Belgacem via Boukhmira en passant par Sidi Salem, Boukhadra, Chabia, Bouchareb Smaïn, Oued Nil Sarouel et Boussedra, toutes des localités de la daïra d'El Bouni, il n'y a que misère et désolation. Criantes, les défaillances de l'Etat dans la prise en charge du quotidien des populations en différents points de la wilaya de Annaba, sont nombreuses. « C'est cela Annaba, dont on vante la beauté et son statut de ville moderne et accueillante. A voir l'état désastreux des routes, les évacuations obstruées, l'éclairage public inexistant, j'ai l'impression qu'élus et responsables passent leur temps enfermés dans leur bureau », a relevé le directeur de l'exécutif s'adressant au P/APC et à ses proches collaborateurs. Une remarque qui reflète l'état des lieux de la majorité des communes de la wilaya de Annaba. S'y ajoutent les routes défoncées, les cités livrées à elles-mêmes, des logements récents aux toitures arrachées et des enfants atteints par des maladies à transmission hydrique. Pas une seule étape de la visite de travail et d'inspection de la daïra d'El Bouni n'a échappé à la critique du wali. Ce dernier n'a pas caché sa colère à la vue des nombreux quartiers sans éclairage public. Il a exprimé sa révolte au contact des populations en prise directe avec des odeurs nauséabondes, conséquences de conduites d'évacuation des eaux usées obstruées. Ce constat négatif de la défaillance de l'Etat dans la prise en charge des citoyens ne s'arrête pas à ce niveau. Il cumule également les grands retards dans la réalisation des équipements publics, le lancement des projets de logements ruraux (Gharbi Aïssa-Chaouli Belgacem), sans permis de construire ni acte de propriété des terrains d'assiette et les abandons de chantiers pour indisponibilité de finances. « Ils défilent, constatent, font des promesses d'amélioration, s'engagent à faire quelque chose pour améliorer la situation puis partent pour ne plus revenir. Depuis l'indépendance, c'est ainsi. On ne voit rien venir. Une enquête approfondie sur les dépenses qu'ils ont engagées au nom de l'Etat, éclairerait sur beaucoup de choses », a estimé Brahim H. membre du comité de quartier des 300 Logements Boukhmira à Sidi Salem. Une déclaration qui fait l'unanimité auprès des populations des différentes locales de cette commune de 140 000 âmes. Les doigts accusateurs sont pointés sur le responsable de la direction du logement et des équipements publics, celui de l'Office de promotion et de gestion immobilière, l'agence foncière, l'hydraulique, Sonelgaz, le président d'APC et le chef de daïra. Chaque étape offre aux habitants l'occasion d'entendre le grincement de leurs dents contre le pouvoir. « Allez-vous-en. Notre sort ne vous intéresse qu'à la veille des élections. Nous ne voterons pas le référendum. Du sommet jusqu'à la base des responsables des structures de l'Etat, il n'y a que des menteurs », est généralement la formule exprimée par des hommes ou des femmes au passage de la délégation des responsables de la wilaya de Annaba. Les révélations de bon nombre d'entre eux sur des scandales liés à la construction des logements ont mis mal à l'aise de nombreux cadres et élus de la wilaya.