Le responsable iranien chargé des négociations sur le dossier nucléaire, Ali Larijani, a averti hier que son pays pourrait être contraint de quitter le TNP si on utilise contre lui le « langage de la force ». « Nous ne voulons pas que le chemin soit plus difficile. Mais si l'on veut utiliser le langage de la force, l'Iran n'aura plus d'autre choix que de sortir du cadre du TNP et du cadre du protocole additionnel, et de reprendre l'enrichissement (d'uranium), afin de préserver ses acquis techniques », a dit M. Larijani. Le responsable iranien a également averti que son pays liera ses ventes pétrolières à l'appui qui lui sera apporté dans la querelle qui l'oppose à l'Europe et aux Etas-Unis sur le dossier nucléaire. « Les pays, qui ont des échanges économiques avec l'Iran, particulièrement dans le domaine pétrolier, n'ont pas défendu jusque-là les droits de l'Iran » dans le domaine nucléaire, a estimé Ali Larijani. S'exprimant lors d'une conférence de presse, il a indiqué que le Conseil suprême de la sécurité nationale que lui-même dirige est « très déterminé à équilibrer ces deux choses », les ventes pétrolières et les autres échanges commerciaux et le soutien au programme nucléaire iranien. « L'Iran décidera de la participation de ses partenaires à son économie en fonction du soutien qu'ils apporteront à la défense du droit national de l'Iran » dans le domaine nucléaire, a-t-il souligné. Cette mise en garde intervient alors que quelques heures plus tôt à Vienne, les Européens accusaient l'Iran de violer ses obligations de garanties nucléaires et de « dissimulations », dans un projet de résolution proposant à l'AIEA un transfert au Conseil de sécurité des Nations unies. « La coopération de l'Iran » avec l'Agence internationale de l'énergie atomique et ses inspecteurs « a été marquée par des dissimulations étendues, des informations trompeuses et des retards dans l'accès aux matières et installations nucléaires », peut-on lire dans le projet de résolution. Ceci « a entraîné de nombreuses violations de ses obligations découlant de l'accord de garanties de non-prolifération », selon le texte proposé par trois puissances de l'UE : Allemagne, France et Grande-Bretagne (UE3). Les Européens s'efforcent, en coulisse, de convaincre l'exécutif de l'AIEA, conseil des gouverneurs de 35 membres réunis depuis lundi dernier, de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU. La Russie, la Chine et l'Inde notamment s'y opposent.