Les négociations sur le nucléaire iranien, que l'on disait bloquées suite au refus de Téhéran de respecter le délai fixé au 31 août à l'Iran par le Conseil de sécurité de l'ONU dans sa résolution Téhéran 1696 pour suspendre l'enrichissement de l'uranium sous peine de sanctions internationales, semblent connaître de nouveaux développements. Intervenant mardi à la tribune des Nations unies, le président français Jacques Chirac a fait part devant l'Assemblée générale d'une initiative française visant à relancer les négociations sur ce dossier. Le plan français préconise un double « geste de bonne volonté » de la part de l'Iran et des six grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie) « pour se mettre d'accord sur un ordre du jour des négociations sur le dossier nucléaire », a expliqué le président français. En contrepartie de la décision par l'Iran de suspendre l'enrichissement de son uranium, les six prendraient, de leur côté, la résolution de suspendre leurs discussions au sein du Conseil de sécurité sur les sanctions internationales contre l'Iran. Ce double geste de part et d'autre vise à donner une nouvelle chance au dialogue et aux négociations entre l'Iran et ses partenaires engagés dans le traitement du dossier nucléaire iranien. Le président français qui s'est illustré il y a quelques jours par des déclarations jugées musclées à l'encontre des Américains soulignant que la France plaide pour des relations de « confiance » et non de « soumission » à Washington — des déclarations que l'opposition a qualifiées de propos de campagne électorale — s'est empressé de préciser que le président américain George Bush avec lequel il a eu un entretien d'une heure mardi « est sur la même ligne » que la position française. Répondant aux questions des journalistes à l'issue de son entretien avec M. Chirac, M. Bush a dit « partager (avec la France) le même objectif, nous voulons résoudre ce problème par la diplomatie », s'est-il borné à souligner. Connaissant les relations conflictuelles qui opposent Washington au régime iranien toute initiative qui viendrait des Américains ne pourrait qu'être rejetée par Téhéran. L'initiative française, révélée par Chirac à la tribune de l'ONU laquelle fut vite endossée par George Bush, ressemble à cet égard à une partition bien réglée entre Français et Américains. Le programme nucléaire iranien a été au centre des premières interventions mardi à l'ONU, avec un discours du président américain, George W. Bush, et celui, en début de soirée, du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. S'adressant au peuple iranien, M. Bush s'en est pris mardi dernier devant l'assemblée générale des Nations unies aux dirigeants iraniens accusés « de dénier au peuple iranien sa liberté et d'utiliser les ressources du pays pour financer le terrorisme, alimenter l'extrémisme et se doter d'armes nucléaires ». Le président iranien a répondu du tac au tac au président américain ciblant dans un violent réquisitoire contre Washington « ceux qui ont produit des bombes atomiques et qui ont pour triste bilan de les avoir utilisées contre l'humanité ». L'Iran, par la voix du principal négociateur sur le nucléaire iranien Ali Larijani, a aussitôt réagi hier à la proposition française exprimant à partir de Damas où il se trouvait la volonté de son pays de « poursuivre des négociations constructives » avec l'Union européenne. Cette volonté est confirmée par un communiqué du Conseil suprême de la sécurité iranienne, rendu public hier et cité par l'agence iranienne de presse Irna qui annonce pour la semaine prochaine une rencontre dans une capitale européenne entre le principal négociateur iranien sur le nucléaire iranien et le représentant de la diplomatie de l'UE, Javier Solana. Ces appels pressants de l'UE pour relancer le dialogue avec l'Iran n'empêchent pas l'Iran de se montrer ferme sur ses positions de principes concernant ce dossier. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé hier les forces armées à se tenir prêtes à affronter toute « menace ennemie ». « Nos forces armées devraient toujours être prêtes à affronter toute sorte de menace ennemie », a dit la plus haute autorité de l'Etat dans un discours à des élèves officiers dans une académie militaire dans la ville de Nowshar, au nord de Téhéran. L'ayatollah a adressé un avertissement voilé aux Etats-Unis à ce sujet, en déclarant que « la nation iranienne pacifique, qui fait de grands pas sur le chemin de la construction et de l'idéalisme humain, devrait avoir une force de défense contre les agresseurs internationaux et les intimidateurs ».