Le baril de pétrole à 100 dollars, mythe ou réalité ? » Tel était le thème de la conférence-débat donnée, hier, par le directeur adjoint des études économiques du groupe pétrolier BP, Christof Ruehl, à la Bibliothèque nationale. En introduction, le nouveau président de BP Algérie, Gerry Peereboom, a présenté les activités de BP en Algérie, qui se résument dans des investissements totalisant 4 milliards de dollars en partenariat avec Statoil et Sonatrach dans deux champs de gaz et un champ de pétrole. De plus, BP a décroché récemment trois blocs d'exploration dont la zone est constituée d'une surface supérieure à celle du Royaume-Uni, selon M. Peereboom. La nomination du nouveau président de BP en Algérie devrait coïncider avec un plus grand engagement de la compagnie en Algérie, qui a fait dire à son président que « le meilleur est à venir ». A la même occasion, Statistical Review of World Energy de 2005, qui est produite par BP depuis 55 ans, a été distribuée. A défaut de répondre directement à la question, le conférencier, Christof Ruehl, a communiqué des données sur les marchés de l'énergie qui laissent penser que tout est possible. La probabilité d'un baril à 100 dollars n'est pas exclue. Mais il est difficile de dire quand cela pourrait arriver. Dans un longue analyse sur les marchés de l'énergie, appuyée par des chiffres et des graphes, le conférencier a passé en revue tous les facteurs qui ont porté les prix du pétrole aussi haut : la croissance économique mondiale, la croissance de la Chine aussi, la spéculation, les problèmes de raffinage, la baisse des capacités additionnelles... Pour M. Ruehl, « la Chine et le prix du pétrole sont des composantes, certes importantes, d'un ensemble plus vaste », car « ce n'est pas uniquement la Chine qui a connu une forte croissance de la demande d'énergie ; il s'agit d'une phénomène mondial ». L'année 2004 a été extraordinaire, car elle a connu une très forte croissance de la demande d'énergie avec une consommation qui a progressé de 4,3%, deux fois plus importante que la moyenne enregistrée sur 10 ans. La croissance chinoise a été très rapide et celle du reste du monde très forte. Hors Chine, la croissance a été de 2,8%, presque le double de celle de 2002-2003. Mais la conjonction des éléments positifs de 2004 est en perte de vitesse en 2005, avec un ralentissement de la croissance économique mondiale, selon le conférencier, qui considère que l'essor de la consommation chinoise de pétrole s'avère passager. A propos des prix du pétrole, le conférencier a estimé que le plus important était la tendance ou les prévisions, pas le niveau des prix. Pour Christof Ruehl, la principale cause de la hausse des prix serait l'insuffisance de capacités disponibles, qui constitue la pierre angulaire. Avant, le système était fiable, avec une disponibilité excédentaire de 3 millions de barils par jour. Cette disponibilité a baissé à 1,5 mbj, car la production a augmenté sous la poussée de la demande. Or il s'avère que la capacité est difficile est difficile à réparer, selon le conférencier. Il n'y a pas de plafond pour les prix, selon lui, comme il n'y a pas de risques que les prix baissent dans cette situation. La période n'est pas bonne pour l'Opep, qui ne peut pas contrôler le marché dans les deux à trois années qui viennent. Elle reprendra le contrôle du marché après. Pour preuve, la légère tendance au ralentissement de la croissance de la consommation de pétrole détectée en 2005 n'a pas entraîné de détente sur les prix du pétrole, selon le conférencier. Toutefois, les prix qui évoluent au-dessus des 60 dollars le baril pourraient connaître un recul à partir de 2008 environ, lorsque les capacités additionnelles retrouveront leur niveau d'avant, soit 3 millions de barils par jour. Ils devraient se situer alors autour de 40 dollars le baril de pétrole. Pour preuve, la légère tendance au ralentissement de la croissance de la consommation de pétrole détectée en 2005 n'a pas entraîné de détente sur les prix du pétrole, selon le conférencier.