L'intitulé de la conférence débat animée mercredi soir par l'économiste en chef du groupe pétrolier BP, Christof Ruehl, était aussi provocant que celui de l'année dernière. Si l'année dernière la question posée était de savoir si le baril de pétrole pouvait atteindre les 100 dollars, cette fois-ci le thème était un baril à 25 dollars est-ce possible ? C'est avec cette conférence que le Club Excellence Management et le MDI ont inauguré leur cycle pour la saison 2006-2007 en partenariat avec le groupe pétrolier BP. L'assistance a écouté avec intérêt l'exposé de l'économiste de BP, même si aucun pronostic chiffré n'a été donné sur le prix du baril. La situation du marché et les multiples imprévus rendent de plus en plus difficile la visibilité au sein du marché du pétrole. Mais on retiendra la donnée principale de l'exposé qui considère que « tout est possible », y compris un baril à 30 dollars. Le conférencier a néanmoins rappelé que les prix qui ont frôlé les 50 dollars au mois de juillet ne sont pas aussi élevés que ceux atteints en 1979. En termes réels, ils auraient dû être de 100 dollars. Les prix du pétrole qui ont augmenté substantiellement ont baissé d'environ 20 % ces dernières semaines, a-t-il constaté. C'est la première fois depuis 2004 que les prix redescendent pour rejoindre le niveau de l'année passée. L'augmentation de la demande et partant des prix sont dues à l'extraordinaire croissance économique mondiale et à la baisse des capacités additionnelles, même si le marché est bien fourni, a soutenu Ruehl. Cette contrainte des capacités additionnelles a poussé les prix vers le haut. Combien de temps faudra-t-il pour restaurer ces capacités ? Ruehl pense que d'ici 2010 des capacités additionnelles de 3,5 millions de barils par jour seront disponibles. Ce qui équivaut à dire que la tension persistera sur le marché d'ici là. Toutefois, il affirmera que le problème des réserves ne se pose pas, le pétrole est disponible, mais cette capacité qui demeure un facteur important n'est pas le seul facteur d'influence pour les prix, soutient Ruehl. Il devient de plus en plus difficile aux experts de cerner le marché du pétrole tellement les facteurs d'incertitude sont nombreux. Si demain il y a la paix dans le monde, est-il possible d'avoir un baril à 30 dollars ? s'est interrogé le conférencier. Oui, tout est possible, soutiendra-t-il. Mais comme les incertitudes demeureront et s'il y a la paix demain, il n'est pas sûr que les prix baissent, ajoutera-t-il. Le facteur risque influe beaucoup sur les prix et inclut une prime importante. Concernant les énergies de substitution, Ruehl considère que leur place par les chiffres dans les bilans énergétiques est faible, il faudrait voir d'autres technologies. Cette question lui permet quand même d'insister sur deux facteurs importants, le facteur risque qui a augmenté avec les conflits et l'accessibilité aux réserves qui peut constituer un problème. A propos des prix, l'intervention de l'Opep est un autre facteur à prendre en compte, selon Ruehl, qui considère que cette organisation peut aussi intervenir. L'année passée, Ruehl avait considéré que lorsque les capacités additionnelles commenceraient à être rétablies, les prix évolueraient à partir de 40 dollars le baril vers 2007-2008. Depuis la mi-juillet, les prix ont perdu environ 18 dollars le baril, mais ils restent aux alentours de 60 dollars le baril. Le recul est important en moins de deux mois, ce qui signifie que le marché commence à évacuer certains facteurs haussiers. L'année dernière, plusieurs experts avaient prédit un retour à 40 dollars le baril en 2007-2008.