Le directeur adjoint des études économiques du groupe BP, l'un des spécialistes mondiaux des questions pétrolières, qui a présenté une communication intitulée “Un baril à 100 dollars, mythe ou réalité ?” mardi dernier à la Bibliothèque nationale, a laissé l'auditoire sur sa faim. Son analyse du marché conclut que les prix du pétrole ne vont sans doute pas atteindre les 100 dollars à court et moyen terme, mais se stabiliser autour de 60 dollars, après avoir présenté les différents déterminants qui influent sur les cours du brut. Les fondamentaux restent la croissance dans les pays industrialisés, le comportement des marchés de Londres et de New York, en un mot la spéculation et plus récemment la forte demande de la Chine et les limites de l'appareil de raffinage dans le monde. Dans une énumération très rapide de ces différents facteurs, le conférencier a omis de mettre en relief les facteurs géopolitiques et l'évolution des stocks dans les pays consommateurs. Il ressort surtout de sa présentation que le pétrole continuera à être prépondérant (40%) dans le bilan énergétique mondial dans les quinze années à venir. Les énergies renouvelables resteront marginales en termes de satisfaction de la demande énergétique mondiale. L'Opep sera de plus en plus fort pour réguler le marché. Son analyse porte sur une séquence : la décennie 1994-2004. La lecture de l'offre et de la demande ainsi que l'évolution des prix montrent que l'année 2004 a été une année exceptionnelle en termes de consommation de brut. L'orateur ne s'est pas aventuré à donner des prévisions dans vingt ou trente ans, tant la détermination des prix, de l'évolution offre- demande à long terme, reste un exercice très complexe, très périlleux. En marge de la conférence, l'ancien P-DG de Sonatrach, M. Attar, a estimé que ce baril à 100 dollars pourrait être atteint à partir de 2015, où l'offre de pétrole conventionnelle ne pourra faire face à la croissance de la demande mondiale sur le brut. Quant au pétrole non conventionnel, c'est-à-dire, entre autres, les schistes bitumineux, leurs coûts d'extraction et de transformation seront tels qu'ils dissuaderont les investisseurs. Enfin, notons que cette initiative de BP Algérie d'ouvrir un débat sur une question d'actualité qui passionne les analystes, les producteurs et constitue une curiosité pour l'opinion publique, est à saluer. N. R.