« L'état apocalyptique dans lequel se débattent les Algériennes et les Algériens n'est pas dû au hasard ni à une fatalité quelconque. » C'est en ces termes que s'est adressé hier le leader du Front des forces socialistes (FFS) aux Algériens à l'occasion du 48e anniversaire du Congrès de La Soummam. M. Aït Ahmed pense que « la cause originelle des quatre décennies d'une gestion catastrophique tient sa source du coup de force contre l'Assemblée nationale constituante et de la violation de la légitimité populaire ». Pour lui, « l'Algérie a raté son départ et l'Etat est mal parti pour disparaître progressivement au profit d'instances privatisées et de pratiques autoritaires ». En se référant aux congressistes de La Soummam, le chef charismatique du plus vieux parti de l'opposition dira : « Vos luttes continuent à nous inspirer dans notre volonté inébranlable de nous battre pacifiquement au service d'un peuple marginalisé, dépossédé et soumis aux pires humiliations. » Ajoutant plus loin : « L'hostilité rancunière affichée hier et aujourd'hui aux décisions (...) adoptées par le Congrès de 1956 ne porte ni sur la forme ni sur des incompatibilités des personnes. » Elle porte plutôt sur « le fond, sur la garantie aux Algériennes et aux Algériens des droits fondamentaux et des libertés démocratiques indispensables à la concrétisation de cette république démocratique et sociale ». Sur cette question précisément, M. Aït Ahmed partage la vision des historiens « qui veulent démythifier une guerre de Libération menée par le peuple, mais confisquée et détournée à des fins de légitimation politique par des dictateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis l'indépendance ». Le premier responsable du FFS préconise enfin une seule solution, celle qui consiste à « redonner aux Algériens confiance en eux-mêmes pour reprendre en main pacifiquement leur destin ». Ce retour à la légitimité populaire, selon M. Aït Ahmed, fut le fondement même de la plate-forme de La Soummam.