Le jeune indépendant Une rencontre a eu lieu vendredi dernier à Akbou Vers la création d'un FFS-commission nationale Sur proposition de Abdeslam Ali Rachedi, les frondeurs du FFS, se proclamant désormais refondateurs du parti, veulent dépasser le stade de la protesta et comptent installer des structures parallèles à celles officielles incarnées par Karim Tabbou et son secrétariat national, accusé d'être «un appareil à la solde du pouvoir». La salle de cinéma du 20-Août 1956 d'Akbou, dans la wilaya de Béjaïa, a accueilli, hier, une rencontre nationale de militants protestataires du Front des forces socialistes (FFS), communément appelés les frondeurs. Ils étaient exactement 145 anciens militants du FFS à avoir émargé, à titre individuel ou en qualité de délégué de section, sur la feuille de présence de cette réunion. Ils sont venus de Kabylie surtout, mais aussi d'Alger, de Sétif, de Bordj Bou Arréridj et même de Berriane (Ghardaïa). Ils ont répondu présent à «l'invitation militante pour une rencontre nationale», qui leur avait été adressée par les initiateurs de la protesta, sortie au grand jour, souvenons-nous, le 31 août 2006 à l'occasion d'un sit-in tenu à l'intérieur du siège national du parti à Alger. Beaucoup d'anciens cadres du parti de Hocine Aït Ahmed étaient présents à cette réunion, tenue sous le slogan «Pour la pérennité des idéaux du FFS validés par la raison et l'Histoire». Les plus en vue dans la salle sont les ex-députés Abdeslam Ali Rachedi, Hamid Ouazar, Nacer Mezzar, Zoubir Laïnceur et Saïd Madjour. Aux côtés de ces derniers et d'anciens militants de 1963 on a remarqué également la présence de quelques anciens secrétaires nationaux et même des cadres qui ont assisté au dernier congrès, le quatrième, du plus vieux parti algérien d'opposition, à l'image d'Ahmed Aït Chérif ou du Dr Lakhdar Amokrane qui a d'ailleurs présidé le bureau de cette réunion. La couleur a été annoncée dès l'ouverture des débats, entamés après une minute de silence et l'hymne national. Les constats et les diagnostics établis par la trentaine d'intervenants qui avaient pris la parole ne différaient guère : le FFS, conduit par l'actuelle direction, va droit vers sa propre perte ; le FFS est à l'état cadavérique»; le FFS est un appareil séparé de ses militants et de la société ; le FFS est normalisé et est entré dans les rangs. Quant au premier secrétaire, Karim Tabbou, «c'est un gamin naïf et sans expérience» pour les plus indulgents et «un chargé de mission par le pouvoir pour détruire le FFS» aux yeux des plus virulents. Même Hocine Aït Ahmed, l'historique et charismatique président du parti, n'a pas été non plus épargné. Trois intervenants ont, en effet, dénoncé le culte de la personnalité et ont assuré que «le mal du FFS vient d'Aït Ahmed», en refusant à maintes fois, ont-ils argué, de recevoir les délégués des frondeurs qui voulaient lui exposer la véritable situation dans laquelle se trouve le parti. Les trois partisans seront vite rappelés à l'ordre par l'assistance et un vieux militant affirmera qu'«au FFS il n'y a jamais eu d'abus de pouvoir de la part d'Aït Ahmed, mais il y a toujours eu un abus d'allégeance à Aït Ahmed». Les plus politiques, à l'image des personnalités citées ci-haut, ont appelé leurs camarades à dépasser le stade de la protesta et de l'émotionnel et de faire des «propositions concrètes à même de fournir des solutions et de redonner au FFS son rayonnement afin de lui permettre de reprendre son rôle de moteur pour l'instauration de la IIe République». C'est à ce titre qu'Abdeslam Ali Rachedi a fait des propositions qui ont été approuvées par la majeure partie de l'assistance. L'ex-député, exclu du FFS en 1999, a proposé un nom à ce mouvement de protestation, à savoir FFS-commission nationale, qui sera doté, à terme, «d'un organe délibérant institué, d'un secrétariat national et d'un siège». Dans son volet organique, cette nouvelle structure se chargera, a-t-il ajouté, «de recenser et de rassembler tous les militants déçus du FFS». Sur le plan politique, «il faudrait redynamiser l'action politique sur le terrain pour être réellement aux côtés de la société». Quant au volet, des concepts et des idées, il s'agira de «réactualiser le programme du FFS», a-t-il dit, en le remettant à jour et en s'impliquant dans les débats nationaux. «Nous devrons avoir des positions claires sur des volets tels que les privatisations, le code de la famille, les terres agricoles ou encore la révision de la Constitution», a-t-il dit, affirmant que le «FFS devra être une force d'opposition et de proposition». Avant d'opter pour une telle démarche, les militants présents ont préconisé de lancer «un appel à Aït Ahmed sous forme de lettre ouverte». «Les différentes propositions faites ont été consignées et seront profondément étudiées et examinées lors de notre prochaine rencontre qui rassemblera beaucoup plus de militants et de cadres», a assuré le président de la réunion, le Dr Amokrane, qui a proposé la date du 29 septembre, anniversaire de la création du FFS, pour la tenue d'une nouvelle rencontre convenue par les présents. A. M.