Le marché de l'automobile en Algérie est dans tous ses états. Maintes fois reportée par les locataires du Parlement algérien, la loi interdisant l'importation des véhicules de moins de trois ans agrée bon nombre de concessionnaires dans le pays, dont certains n'ont de cesse, ces dernières années, d'interpeller les pouvoirs publics afin, justifient-ils, de permettre « le rajeunissement du parc automobile national ». Fixé pour le 25 septembre, le dernier délai pour ces importations est prorogé de quelques jours suite à la grève de la compagnie maritime française SNCM. Le PDG de Peugeot Algérie, Pascal Morel, a indiqué à ce propos que le marché de l'occasion était dans de fortes baisses ces trois dernières années. A en croire Pascal Morel, « c'est un marché qui a repris environ 40% en 2005 et ça depuis l'annonce faite par le Président concernant cette mesure ». Et d'expliquer : « Il y a bien un certain nombre de personnes, appelons-les des maquignons, qui ont voulu acheter beaucoup de voitures pour pouvoir faire des 'coups', si je peux m'exprimer ainsi, pour ne pas dire de la spéculation. ça veut dire que toutes ces voitures qui sont rentrées en Algérie, il faudra les écouler quand même. On s'aperçoit qu'il y a des personnes qui ont aujourd'hui jusqu'à 40 à 50 voitures alors qu'ils n'avaient que deux ou trois dans le temps. Je crois qu'au long de cette fin d'année 2005, on verra encore des VO importés en vente sur le marché. Avec un prix qui va augmenter, puisque l'on s'aperçoit que le coût de stockage n'est pas donné. Or d'ores et déjà, tous ces produits sur le marché de l'occasion ont pris entre 20 000 DA à 30 000 DA d'augmentation qu'il y a trois ou quatre mois. » Pour le PDG de Peugeot Algérie, l'un des points positifs de cette mesure est qu'elle met fin à la rumeur consistant à dire que les véhicules importés sont de meilleure qualité, qu'il faudra payer donc un peu plus cher. Citant quelques exemples, il estime que les produits fait pour la France ne sont pas nécessairement adaptés à l'Algérie qu'elle considère comme un pays « chaud et à poussière », impliquant donc « nécessairement », selon ses dires, des éléments supplémentaires par rapport à la France. les marques françaises se « démarquent » A titre illustratif, il dira : « Mes moteurs sont des moteurs qui 'acceptent' un peu plus de soufre que d'autres moteurs fabriqués en France. Donc, demain, nous n'aurons plus ces soucis d'approvisionnement en pièces détachées, ce qui implique une meilleure qualité de service pour mes clients. » « Tous ces éléments-là vont me rassurer dans mes ventes personnelles », a-t-il ajouté. D'autre part, explique Pascal Morel, la plupart des véhicules importés sont de marque française, soit environ 90 % de voitures françaises, Peugeot et Renault surtout, et le reste que prend Volkswagen, BMW et Mercedes. les ventes dopées Le premier responsable de Peugeot considère que ces inconditionnels des marques françaises continueront à acheter des produits français. Mais la véritable question est de savoir dans quelles proportions. Et d'affirmer que Peugeot Algérie aspire à récupérer le gros flux de cette année, non sans espérer la récupération de quelque 40% à 50% des particuliers qui importent aujourd'hui des véhicules de moins de trois ans. Le marché algérien a pris environ 30% de plus concernant les véhicules neufs, selon Pascal Morel, pour qui le segment B1, c'est-à-dire celui de la petite voiture, et le segment pick-up évoluent très vite. Etant absente sur ces deux segments, Peugeot Algérie a été contrainte de céder environ 10% du marché, selon ses dires. Ayant inondé le marché ces dernières années, les asiatiques ont complètement changé la donne du marché de l'automobile en Algérie. Omar Rebrab, le DG de Hyundai Motor Algérie, a indiqué lors d'un point de presse tenu récemment que pas moins de deux millions de véhicules sont « bons pour aller à la casse ». Pour ce premier responsable de l'une des marques asiatiques les plus vendues dans le pays, et citant un responsable des Douanes algériennes, l'importation de véhicules de moins de trois ans durant les six premiers mois de l'année a connu une augmentation de 42% par rapport au premier semestre de l'exercice précédent. Et d'expliquer que l'annonce de l'interdiction de l'importation de véhicules de moins de trois ans bien avant sa publication dans le « JO » a tout simplement dopé les ventes de ces véhicules, en permettant aux particuliers et aux concessionnaires de faire leurs « emplettes » bien avant. A ce titre, il indiquera qu'au cours des six premiers mois de l'année, ce sont au total 112 000 véhicules de moins de trois ans d'un montant de 72 milliards de dinars qui sont importés, et dont 51 000 véhicules l'ont été par des particuliers.