«Les conditionnalités d'installation des concessionnaires automobiles en Algérie vont être revues». Maintenue dans dix lois de finances successives, la disposition liée à l'importation de véhicules de moins de 3 ans va être finalement supprimée. A en croire le ministre de l'Industrie, qui s'exprimait, hier, à l'ouverture d'une journée sur la sous-traitance organisée au complexe industriel de Rouiba, le gouvernement allait introduire dans ce sens un amendement à la loi de finances 2005. «Le gouvernement proposera, dans la loi de finances complémentaire pour 2005, un amendement portant interdiction de l'importation de véhicules d'occasion de moins de 3 ans», a précisé El-Hachemi Djaâboub. La décision de l'Exécutif, indique le ministre, n'est pas fortuite. Elle intervient après un rapport accablant de la Gendarmerie nationale mettant en évidence le nombre croissant d'accidents de la route et la vétusté du parc automobile national. Il convient de signaler que l'Algérie est devenue au cours des dernières années un véritable «dépotoir» à ciel ouvert de véhicules d'occasion. Les filières dites «ZH» et «Taiwan» connues de tous les Algériens sont venues «gonfler» le parc automobile national, échappant au moindre contrôle technique. D'ailleurs, les concessionnaires automobile se sont maintes fois plaints de la concurrence déloyale des véhicules d'occasion. Un marché parallèle qui ne dit pas son nom et qui pénalise sérieusement les opérateurs dans le secteur de l'automobile. Rappelons qu'à l'occasion d'une visite au port d'Alger, il y a environ deux mois, le Président Abdelaziz Bouteflika avait eu à exprimer la préoccupation des pouvoirs publics sur cette question d'importation de véhicules usagés. Pour le chef de l'Etat, «il est très facile de maquiller un véhicule où même le compteur kilométrique est faux». Les concessionnaires y voient une forme de concurrence déloyale, dans laquelle l'économie informelle et les fraudes en tout genre sont légion. «C'est pourquoi il faut donner la priorité aux véhicules neufs», indique le chef de l'Etat. La mesure que le gouvernement compte introduire dans la loi de finances, entre dans le cadre de la lutte contre les accidents de la route. Il est utile de rappeler que l'Algérie est classée à la quatrième position mondiale en matière d'accidents de la circulation. Pour la seule année 2004, il a été enregistré plus de 4200 morts et des milliers de blessés. Une hécatombe qui se répercute aussi bien sur la société que sur l'économie nationale, puisque la prise en charge des blessés et des personnes handicapées se chiffre à coups de milliards. L'autorisation d'importer des automobiles d'occasion sera levée si l'amendement que compte proposer le gouvernement est adopté par les députés. Contrairement à ce qu'on laissait entendre, cette disposition ne sera donc pas supprimée par ordonnance présidentielle, mais passera par la voie régulière, c'est-à-dire devant le Parlement. Par ailleurs, et pour mieux organiser le marché de l'automobile, actuellement en plein essor en Algérie, le ministre de l'Industrie, M. El-Hachemi Djaâboub, a indiqué que «les conditionnalités d'installation des concessionnaires automobile en Algérie vont être revues». Sans donner plus de précisions, le ministre a indiqué que ces changements se feront «en fonction de ce qui se fait à l'étranger». Le ministre a toutefois parlé de «contrepartie» que les concessionnaires automobile devront désormais offrir à l'économie nationale pour prétendre à une représentation sur un marché estimé, selon lui, à un milliard de dollars par an et appelé, de surcroît, à «se développer». A noter que depuis des années, le marché de l'automobile en Algérie ne dispose pas d'un cadre réglementaire à même d'organiser l'activité légale, à savoir celle des concessionnaires, tout en combattant le marché parallèle. Le marché algérien de l'automobile a enregistré, en 2004, une croissance record de +76 % par rapport à l'année précédente. M.Djaâboub a indiqué, par ailleurs, que la plate-forme qui devait accueillir le projet Fatia de montage de véhicules légers à Tiaret est maintenant «offerte à la concession, à la vente ou au partenariat».