Le remaniement dans le corps des walis, décidé récemment par le président de la République, n'a pas épargné la capitale dont le locataire, depuis le défunt GGA de Chérif Rahmani, a, de facto, rang de ministre. Une lourde charge pour Mohamed Kebir Addou, nouveau wali d‘Alger, qui laisse derrière lui une wilaya semi-désertique, à vocation essentiellement pastorale, nonobstant le maigre tissu industriel qu'elle a du mal, faut-il le dire, à élaborer, en l'occurrence la wilaya de Djelfa. Si les initiateurs de ce changement à la tête de la capitale politique, mais aussi économique du pays, n'ont soufflé mot sur les raisons du départ de Abdelmalek Nourani, il n'en demeure pas moins que pour les observateurs il y a volonté manifeste de la part des plus hautes autorités du pays de « nettoyer » la vitrine du pays. Une mégapole qui, sur le point d'atteindre les 4 millions d'habitants, reste néanmoins à la traîne par rapport aux capitales étrangères qui ont accès, comme elle, au bassin méditerranéen. Détenant la triste palme d'une des villes les plus sales du monde, El Bahdja manque cruellement d'infrastructures de base en dépit des quelques trémies, réalisées ou en chantier, initiées, non pas par la wilaya, mais par le ministère des Travaux publics. Un tramway qui n'existe que sur « plan », un métro promis en...1982 renvoyé aux calendes grecques, une aérogare internationale dont le premier coup de pioche a été donné il y a près de 20 ans mais qui ne semble pas voir de sitôt le bout du tunnel, une Casbah, pourtant classée monument de l'humanité mais qui se meurt à petit feu, notamment depuis que le dossier a été confié à un simple bureau relevant de la daïra de Bab El Oued, la prolifération d'habitations précaires et surtout la dilapidation du foncier, notamment agricole, tels sont les principaux chantiers que le nouveau locataire devrait relancer. L'on se souvient qu'après l'installation de l'exécutif sortant, des déclarations pompeuses ont été tenues devant les caméras de télévison. « Démolissez-moi tout ça ! », s'était écrié Abdelmalek Nourani lors de sa première visite sur le terrain qui l'avait mené à Dély Ibrahim. Il s'adressait ainsi aux « services concernés » lorsqu'on lui signifiait que les imposantes villas, inscrites dans son programme de visite, étaient non seulement construites sur des terres agricoles mais n'avaient aucun permis de construire. L'ex-ministre de l'Habitat qu'était M. Nourani sous le gouvernement Chadli, mû de toute évidence d'un désir sincère de sauver les derniers arpents verts ceinturant la capitale, ne s'attendait certainement pas à faire face à une « maffia foncière » ayant des ramifications à tous les échelons de l'administration. Ainsi, les demeures illicites décriées par l'ex-wali ne seront jamais démolies même si les textes officiels de la République permettent ce cas de figure. Est-ce pour autant une excuse valable de ne pas toucher à la « nomenklatura », s'il en était, en ce sens que le wali est le représentant du président de la République et est de ce fait maître absolu dans son territoire ? « Non, il avait tous les pouvoirs d'appliquer les lois de la République et personne n'aurait eu à redire ! », rétorque un élu local FFS qui dit en connaître un bout en matière de dilapidation du foncier dans sa commune. Mohamed Kebir Addou aura-t-il le cran de rendre ses lettres de noblesse à une capitale qui ne garde, hélas ! que le nom ? Les prochaines semaines nous le diront.