Qui se souvient en ces heures de confusion qui précèdent le référendum du 29 septembre qu'il existe une presse écrite indépendante, et qui plus est locale ? En tout cas pas Hamas, dont le leader, Bouguerra Soltani, animait, hier à Sour El Ghozlane, un meeting populaire à la salle Afrah, l'a magistralement prouvé en n'invitant à ce rassemblement aucun correspondant de presse. Quel décryptage faire de ce message de la part d'un leader islamiste que le projet de charte pour la réconciliation nationale emballe tant qu'il en a fait, avec quelques-uns qui se réclament modérément du courant islamiste, son cheval de bataille au cours de cette campagne référendaire ? Occupés à plaider la cause des groupes armés impliqués dans la tragique décennie qui pourraient demain constituer un vivier électoral inespéré pour ces partis islamistes en mal d'embrigadement, ces mêmes grands prêcheurs de la réconciliation nationale en viennent dans leur empressement à servir leur cause à oublier ou négliger la presse indépendante, quand ils ne la médisent pas. Parce qu'en fait devenue trop gênante pour eux et leurs semblables. Un exemple : au lieu d'informer les bureaux des titres indépendants et la cellule de communication, nous apprenons que les responsables du bureau de Hamas ont préféré inviter les autorités de wilaya, lesquelles n'ont soufflé mot à la presse. Résultat : aucun correspondant ne s'est rendu hier à Sour El Ghozlane pour assister au meeting de Hamas. Un autre exemple : tous les animateurs de meetings qui se sont succédé les uns aux autres à Bouira n'ont pas eu un mot de compassion pour le sort de Mohamed Benchicou, directeur du Matin, suspendu, qui entame sa deuxième année de prison. Et pourtant, tous parlaient de réconciliation nationale.