Bouguerra Soltani, président du MSP, a poussé le bouchon à son maximum, hier, dans un meeting populaire animé à la salle Ibn Khaldoun, à Alger. Evoquant la nouvelle version du code de la famille, entérinée en Conseil de gouvernement, M. Soltani n'a pas hésité à qualifier les amendements proposés par la commission Zeghloul d'« incitation à la désobéissance civile ». Selon lui, le législateur a piétiné les fondements et les dogmes de la société algérienne. Montant au créneau contre ces amendements, le n°1 du MSP a émis 11 critiques à l'égard du travail accompli par la commission Zeghloul. Il a accusé celle-ci de n'avoir pas respecté « la Constitution, la charia et le projet novembriste ». Selon M. Soltani, le moment n'est pas « opportun » pour amorcer le débat sur le code de la famille. Pour lui, « cela n'est pas la revendication des Algériens, du moins pas celle de la majorité d'entre eux ». L'amendement du code de 1984 obéit, d'après lui, aux « pressions de l'Occident, au courant laïc et aux femmes salonnardes », avant de faire rappeler les deux « lignes rouges » de sa formation sur lesquelles il ne reculera jamais, à savoir l'éducation et la famille. « A ces gens qui s'attaquent à la cohésion nationale, en tentant de laïciser notre société, nous leur dirons qu'ils ne réussiront pas. Pour ça, nous y ferons face », a-t-il martelé. Prêchant la parole de Dieu et de son Prophète Mohamed dans une salle clairsemée, M. Soltani a tenté de convaincre l'assistance de « la justesse » de la position de son parti. « Le tutorat n'est nullement la soumission de la femme à l'homme. C'est une protection de cette dernière et une garantie. En supprimant le tuteur, on déshonore la fille et on l'expose à tous les périls », a-t-il expliqué. Dans le même registre, le leader du MSP estime que la polygamie n'est pas un « problème », car, en Algérie, il y a seulement 1% de « polygames ». Pourquoi l'a-t-on supprimée ?, s'est-il demandé. M. Soltani a refusé également que cette question (la polygamie) soit soumise à l'appréciation du juge, comme il a rejeté aussi l'amendement portant sur le droit de la femme de demander le divorce. Il a ensuite battu en brèche tous les amendements relatifs à l'héritage et au droit de la femme divorcée ayant obtenu la garde des enfants de rester dans le domicile conjugal jusqu'à ce que son ex-mari lui trouve un foyer décent. L'argument de l'ex-Hamas, à ce propos, est que cette disposition exacerbera la crise de logement. Abdelmadjid Menasra, vice-président du parti, a saisi l'occasion pour répondre au président du Sénat ainsi qu'au chef du gouvernement sur la question du référendum sur le code de la famille. Pour Menasra, « le MSP demande un référendum et maintient sa proposition. Car si ceux qui ont opéré cette révision disent que c'est le peuple qui a voulu cela, nous leur demandons de le prouver par voie référendaire. Sinon, pour nous, le peuple a voté contre l'occidentalisation et laïcisation de l'Algérie lors de la présidentielle du 8 avril », a-t-il précisé. M. Menasra demandera ainsi au « président de la République d'intervenir pour arrêter ce complot contre la famille algérienne » Pour lui, l'Alliance présidentielle ne peut pas subsister dans ce sillage de la réforme du code de la famille. M. Soltani, revenant sur le sujet, a estimé qu'il existe d'autres priorités que le code de la famille. A l'occasion, il a émis le vœu de voir ce nouveau projet bloqué par le Conseil des ministres. D'après lui, la priorité va à l'amélioration des conditions de vie de la société et à la lutte contre le célibat qui frappe la majorité des jeunes. Pour combattre le phénomène du célibat, M. Soltani souhaite que le gouvernement débourse 5 milliards de dollars. Avec cette sortie de Bouguerra Soltani, les islamistes semblent décidés à frapper sur tous les fronts en vue de contrer les amendements de la commission Zeghloul.