De source bien informée, nous venons d'apprendre que la société de wilaya de production de meubles, la fameuse Commamo, plus connue sous le nom de usine Macha, va rouvrir ses portes bientôt pour reprendre son activité industrielle. Si l'information se confirme, elle fera sans doute la joie des centaines de travailleurs abandonnés à leur sort suite à sa fermeture, et permettra à ce fleuron productif de Constantine d'apporter un nouveau souffle à l'activité industrielle réduite à sa plus simple expression par la série noire des liquidations. L'usine des Chalets des pins ressemble à un château de fantômes depuis sa fermeture le 31 juillet 1998. Les Constantinois évoquent avec amertume la perte de ce bijou, alors que les syndicalistes de l'UGTA se posent encore des questions sur les véritables causes qui ont motivé la mise à l'arrêt. Les quelque 600 travailleurs sont restés eux aussi dans le flou repoussant les raisons avancées par le Holding est à l'époque et avançant, pour certains, l'idée d'une machination orchestrée par des cercles locaux afin de s'accaparer un outil de production aussi performant. Commamo fournissait tout l'ameublement de l'ANP et équipait les hôpitaux et les établissements scolaires. Son plan de charge ne pouvait s'amincir du fait d'une commande incessante qui fait qu'aujourd'hui et en l'absence d'une production locale conséquente on importe les tables de classe chez nos voisins tunisiens. En plus de la menuiserie, l'usine proposait également des produits de froid, de chromage et de tôle. En somme, 420 articles qui faisaient d'elle, l'une des plus performantes et des plus rentables. Commamo possédait aussi plusieurs points de vente à travers le territoire national, et s'était dotée d'un équipement flambant neuf quelques années seulement avant sa fermeture. Selon un responsable de l'union de wilaya de l'UGTA, l'usine a été fermée à la grande surprise des travailleurs sur décision du Holding est qui avançait l'argument du surendettement. Comment est-elle arrivée à cette situation ? Certains parlent d'une diminution des commandes et d'autres avancent qu'il s'agit d'une faillite provoquée sciemment suite à l'achat d'une grande quantité de bois qui s'est révélé inadapté, voire, vermoulu et ensuite l'importation d'une autre quantité de peinture frelatée. Une affaire qui est toujours en justice alors que des cadres impliqués se trouvent encore en fuite à l'étranger. Il ne faut pas oublier le chiffre important des créances qui a affaibli l'entreprise durant les années du parti unique et de la gestion hasardeuse. A titre d'exemple, l'ancien siège de la mouhafadha du FLN, transformé en tribunal sur le boulevard Belouizdad, était équipé par Commamo aux frais de la princesse. Les tractations menées par le syndicat ont amené le Holding à proposer la cession de l'entreprise au profit des travailleurs. Une option écartée par ces derniers incapables de se payer un site de plusieurs hectares érigé sur plusieurs niveaux sans compter les chaînes de production. Toutes les initiatives se sont soldées par l'échec et ont cédé la place au grand désarroi des travailleurs, à la liquidation qui n'a laissée que les murs. L'histoire de Commamo est triste et sombre de l'ensemble des entreprises publiques frappées par le tsunami de la transformation du modèle économique algérien. A Constantine, le démantèlement est presque achevé alors que l'expérience de cession des entreprises au profit des travailleurs subit partout des déboires à quelques exceptions près. Si la wilaya décide de déployer un effort pour rouvrir Commamo, ça sera une première qui devra faire de l'émulation et réveiller l'industrie sans pour autant aller à l'encontre de la raison économique.