Un des bras droits du colonel Abid a quitté la mouhafada d'Oran avec armes et bagages pour aller rejoindre le camp adverse, celui représenté par les partisans de M. Bouhara. Principal animateur de la kasma 1 de Sidi El Houari, M. Abbas s'est retrouvé en train de travailler avec la commission de wilaya, chargée de restructurer les instances de base du parti, installée par M. Bouhara, l'envoyé « contesté » de la Direction nationale. Auparavant, le transfuge qui ne tarissait pas d'éloges à l'égard du colonel a même contribué à dénigrer l'émissaire d'Alger accusé d'impartialité mais aussi de travailler pour des intérêts étroits. « Aujourd'hui nous nous sommes entendus pour travailler les intérêts du parti et non ceux des personnes », devait-il déclarer pour justifier son revirement inattendu. Même son de cloche chez les hôtes qui l'ont accueilli à la kasma 2, située sur la rue Khemisti et qui est devenue, pour la circonstance, le QG de la commission en question. Théoriquement, la guerre qui oppose M. Abid, locataire de la bâtisse de la mouhafada, avec ses adversaires devait connaître une trêve, en attendant l'issue du référendum pour la paix et la réconciliation. Trève d'accusations Cet « incident » n'a pas, en effet, déteint sur le déroulement de la campagne menée localement par les deux parties en conflit. Mais les accusations proférées de part et d'autres n'ont jamais cessé. « M. Abbas devait juste s'occuper de la logistique à la mouhafada mais nous avons découvert qu'il a commencé à tisser des relations avec le camp adverse », atteste M. Abid, sollicité pour donner son avis sur cette affaire. À le croire, son plus fidèle compagnon d'hier s'est même rapproché des Arouch mais aussi de la formation de Said Sadi, homme politique qui s'est exprimé contre le projet présidentiel que le FLN défend. À la mouhafada, la possibilité de recourir à la justice n'est pas écartée car le « lâcheur » a non seulement pris avec lui tous les documents de cette tendance du parti, notamment les différentes déclarations émanant des kasmas parallèles, mais aussi des équipements. Il aurait également drainé avec lui un bon nombre de militants et c'est ce que redoute le colonel qui tente de circonscrire cette fugue à une seule personne.