A l'écouter, le flamenco de Pepe Habichuela et de son fils Josemi Carmora, mercredi dernier à la salle Ibn Zeydoun, lors d'un concert organisé par l'institut Cervantès, nous serions tentés de dire que cette musique andalouse a retrouvé son origine maure. Effectivement, les sons de la guitare semblaient être enveloppés dans un champ de percussion semblable au tam-tam de la derbouka. Défenseur du « nouveau flamenco », ce groupe composé de sept éléments a su démontrer que le flamenco se mélange parfaitement aux autres musiques. Ce fut une synthèse de réminiscence, un retour aux racines où l'influence de la musique arabe rythmée à la percussion de la derbouka et du tar a donné ce nouveau genre de flamenco. Un moment fort agréable, apprécié par le public, quand Pepe Habichuela, qui ressemble au grand maestro de la guitare Paco de Lucia, a joué des morceaux en solo, faisant « pleurer sa guitare », comme dirait l'aficionado du flamenco. La soirée n'aurait pas été complète sans le « cante jondo » ou chant profond de Carmora qui, avec ces Ay ! Ay ! répété nous a fait vivre la musique populaire andalouse ou son cri de chanteur solitaire, exhalant son destin ou implorant son Espagne, dont le drapeau est fait de sang et de soleil, a sublimé l'assistance. Le spectacle a gagné en couleurs et en mouvements avec l'introduction du danseur David qui, dans un raffinement, une précision et une élégance, exécuta des danses au rythme de ses claquettes.