Diversité n Enrique Morente prône la pluralité des identités culturelles. Enrique Morente, le ténor du flamenco, a ravi, de sa voix gitane, une voix à la fois enrouée et caverneuse, l'assistance lors d'un récital de chant et de musique andalous qui a eu lieu, mercredi, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth). Initié par l'Institut Cervantès (Centre culturel espagnol d'Alger) dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», le concert était d'une beauté musicale et vocale artistiquement appréciable. Rencontré à l'Institut Cervantès et interrogé sur sa musique, Enrique Morente a dit que sa musique se veut authentique. «Je me rapproche de la musique andalouse», a-t-il souligné, ajoutant que c'est une musique certes inscrite dans le terroir, mais en même temps elle absorbe d'autres sonorités actuelles. «Ma musique est un mélange de diverses cultures, elle est le résultat d'influence gitane et arabe», a-t-il expliqué. Et de souligner : «J'ai la chance d'habiter dans un quartier arabe de Grenade où il y a beaucoup de chants et de musiques, de saveurs et de traditions.» Il a dit qu'il côtoie – au quotidien – les trois cultures et religions, à savoir le christianisme, l'Islam et le judaïsme. «Mon destin est d'être à la croisée de ces trois cultures», a-t-il indiqué, avant de poursuivre : «Mais je ne fais pas partie de tout cela, j'appartiens à l'humanité.» Cela revient à dire que Enrique Morente prône la pluralité des identités culturelles, que pour le ténor les frontières entre telle ou telle autre culture n'existent pas. C'est l'humanité, sa richesse et sa diversité culturelle qui l'intéresse et à laquelle il revendique son appartenance. S'exprimant sur le flamenco qui, pour lui, entretient une certaine familiarité avec la musique arabe, Enrique Morente a déclaré que «le flamenco est, d'une certaine façon, l'âme du peuple espagnol, mais il existe d'autres formes de musique et de chant qui sont représentatives de la culture espagnole.» Pour lui, le flamenco représente ce qui est collectif. Il a précisé enfin que le flamenco, qui est un art vif, qui continue – et ne cesse – de se créer, ne manifeste plus comme étant une revendication de justice sociale, comme c'était le cas par le passé, il devient maintenant un art, une expression d'une sensibilité, l'émanation d'une esthétique. La musique d'Enrique Morente est certes un mélange d'éléments étrangers, mais «elle n'est, a-t-il expliqué, d'aucune façon une fusion.» Selon Eduardo Calovo, directeur de l'Institut Cervantès, Enrique Morente se rapproche du jazz, de la musique classique ou des rythmes caraïbes, mais ne fait pas de fusion. Il les ramène au flamenco. Comme un alchimiste qui transforme le métal en or, il transforme n'importe quel genre en flamenco, c'est-à-dire il le convertit en Enrique Morente.»