Les jeunes n'ont pas afflué aux bureaux de vote le jour du référendum pour la paix et la réconciliation nationale. Nombreux sont ceux qui ont révélé qu'ils ne se sentaient pas concernés par l'événement. « Nous voulons du concret et du travail. Pas de vaines promesses. A quoi cela sert-il d'aller voter », s'est interrogé un groupe de jeunes aux abords d'un café. Partout dans les bureaux de vote, nous avons senti une sorte de méfiance à l'égard des journalistes. L'ambiance devient tendue dès que nous demandons des informations sur les taux de participation. Les responsables des centres de vote refusaient souvent de répondre à nos questions. Dans un bureau de vote à Bab el Oued, à Alger, un responsable a bien voulu nous parler. Il a confirmé nos constatations quant à la faible participation des jeunes. Ce responsable a admis le fait que « la plupart des votants sont des gens entre 40 et 60 ans. Le taux de participation des jeunes dans ce bureau ne dépasse pas les 2% ». C'est le cas, a-t-il dit, dans les centres de vote d'autres quartiers d'Alger. Un jeune étudiant, qui a pourtant travaillé dans un bureau, a avoué ne pas avoir voté. « Bien que moi et mes jeunes collègues travaillions tous dans ce bureau de vote, aucun d'entre nous n'a voté », a-t-il dit. Et à son collègue d'enchaîner : « Même les vieux n'étaient pas très nombreux aujourd'hui. » Quand on demande à des jeunes s'ils ont voté, ils répondent presque tous : « Je ne me suis pas inscrit », « je n'ai pas de carte de vote », « je ne vois pas ce que ça va m'apporter » ou, encore, « ça ne changera rien au résultat ». A Bab El Oued, l'activité principale est le commerce. Même si ce dernier et majoritairement informel, les marchés et magasins ne désemplissaient pas ce jeudi-là. Les jeunes vendeurs étalant leur marchandise à même le sol ou sur des tables de fortune avaient d'autre souci que d'aller voter. « Ces jeunes désabusés complètement démoralisés, ne s'intéressant qu'au gain, sont désespéré. Ils n'ont plus foi en leur avenir et en leurs dirigeants encore moins », ironise un vieil homme. « Ces jeunes préfèrent aussi fuir leurs responsabilités, car les affronter, dit-il, ne servira à rien. » Ainsi le jour du vote relatif au référendum pour la paix et la réconciliation nationale n'a pas réconcilié les jeunes Algériens avec l'urne.