La presse étrangère a diversement apprécié les résultats du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Les médias occidentaux ont, dans leur écrasante majorité, douté de la véracité des chiffres annoncés par l'Administration et ont soulevé, notamment, l'absence de tout débat contradictoire autour du projet. De son côté, la presse arabe s'est contentée, à quelques exceptions près, de souligner « l'adhésion massive du peuple algérien à la charte initiée par le Président Abdelaziz Bouteflika ». Le journal américain The New York Times a constaté, dans un article de son envoyé spécial à Alger, intitulé « Les électeurs algériens soutiennent le plan de paix », que « ce processus électoral n'a pas bénéficié d'un contrôle indépendant ». D'ailleurs, a-t-il noté, « les opérations de dépouillement, dans la plupart des cas, se sont déroulées sans la présence du public ». Le journal a remarqué, toutefois, « le ministre algérien de l'Intérieur a tenté d'écarter les doutes soulevés par les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme et les leaders de l'opposition ». Dans un reportage intitulé « Même les grands-pères décédés ont voté », le journal français Libération a souligné que « le référendum aura surtout été pour Abdelaziz Bouteflika l'occasion de se réconcilier avec les vieilles pratiques et scores du parti unique ». Reprenant les déclarations de l'opposition algérienne, le rédacteur du reportage en l'occurrence s'est interrogé sur l'après-référendum. « Ce référendum-plébiscite permettra-il à Bouteflika de tirer un trait sur la sale guerre ? », s'est-il demandé. Néanmoins, aux yeux du journaliste, « une chose est sûre : en position de force grâce aux revenus des hydrocarbures et à la fin de la sale guerre, le Président algérien sait pouvoir compter sur la complaisance des grandes puissances. A commencer par la France, qui a salué cette... consultation démocratique ». Aussi critique que Libération, Le Monde, dans un commentaire interrogatif de « L'Algérie apaisée ? », a écrit dans le corps du texte : « Même sans compter avec la manipulation des résultats, inévitable dans un régime autocratique et policier, le résultat du référendum (...) ne faisait guère de doute. » Rappelant les années de violence vécues par l'Algérie depuis 1992, Le Monde s'est interrogé sur l'impact de cette consultation référendaire. « La paix et la réconciliation sont-elles garanties par la charte que les Algériens viennent d'approuver ? », s'est demandé l'éditorialiste. « Dans l'immédiat, peut-être, bien qu'une violence sporadique continue. A terme, rien n'est moins sûr. » Car, à ses yeux, « la réconciliation orchestrée par le Président algérien revient à vouloir tirer un trait sur une décennie de guerre civile, sans examiner les causes du délitement de la société algérienne et les responsabilités des uns et des autres, y compris du pouvoir ». Pour étayer son commentaire, le journaliste a estimé que « la justice est une condition de la paix ». A ce titre, il a cité l'exemple de l'Afrique du Sud qui, à travers « la commission vérité et réconciliation nationale, a montré, après la fin de l'apartheid, l'importance de ce travail de mémoire ». L'envoyé spécial de l'autre grand tirage français, Le Figaro, qui a titré « Les Algériens veulent tourner la page », a observé que « sur le plan politique, Abdelaziz Bouteflika est bien décidé à tirer les dividendes d'une opération de paix rondement menée ». Le reporter du Figaro a estimé, toutefois, que « (...) le raïs est désormais en mesure de réviser la Constitution pour briguer un troisième mandat et devenir, comme la plupart de ses homologues des nations arabes, indéboulonnable ». Le journal marocain, Le Matin du Sahara, a, de son côté, mis en avant « le faible taux de participation en Kabylie ». Le rédacteur de l'article a expliqué cette faible participation par « le boycott auquel avaient appelé le Front des forces socialistes (FFS), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le mouvement citoyen des archs ». « L'opposition parle de mascarade et les groupes salafistes refusent l'offre de paix. » C'est le titre choisi par le quotidien londonien, réputé proche des milieux islamistes, Al Hayat, dans sa livraison d'hier. Se voulant impartial, l'influent journal libanais, An Nahar, a préféré reprendre les déclarations de l'opposition algérienne. « Le référendum est une mascarade, selon l'opposition » a-t-il titré dans un long compte-rendu. Le reporter d'An Nahar a également évoqué le faible taux de participation enregistré en Kabylie. Cependant, il a constaté que le ministre de l'Intérieur algérien a escamoté certaines questions posées par la presse et soupçonné la véracité du taux de participation annoncé par les autorités algériennes. L'autre journal arabophone paraissant à Londres, El Qods Al Arabi, reprenant une déclaration de Abdelaziz Belkhadem, a ouvert sur la possibilité offerte aux dirigeants de l'ex-FIS, installés à l'étranger, pour rentrer en Algérie après le référendum. Le journal a mis en relief « le faible taux de participation enregistré en Kabylie après l'appel au boycott lancé par les partis implantés dans cette région ». Le correspondant du quotidien égyptien Al Ahram à Alger a indiqué dans un titre d'information que « Les Algérien approuvent la charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Al Ahram a insisté, notamment, sur « la réaction de la France, qui a vu dans ce scrutin une grande avancée démocratique ». Tout comme la majorité des médias arabes, le journal émirati Al Khalidj a repris les propos tenus par le ministre de l'Intérieur lors de sa conférence de presse et insisté sur le communiqué menaçant du GSPC.