Dans les capitales occidentales, on semble apprécier différemment le référendum algérien sur la paix et la réconciliation nationale. Alors que le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a chaleureusement salué, hier, les résultats du référendum organisé par le président Abdelaziz Bouteflika, son homologue du département d'Etat US, Sean McCormack, a fait la moue, jeudi soir, dans un commentaire sur cet événement. C'est dire la différence dans l'appréciation de la démarche algérienne par les deux capitales. Ainsi, par la voix du porte-parole du département d'Etat, les Etats-Unis ont exprimé, jeudi soir, des réserves au sujet du référendum sur la paix et la réconciliation nationale. Tout en saluant cette consultation populaire par voie référendaire, il a affirmé que Washington aurait préféré une consultation populaire plus large sur la réconciliation elle-même. “À notre avis, il aurait été important que tous les points de vue sur la question vitale de la réconciliation s'expriment publiquement”, a déclaré Sean Mc Cormack. Prenant le soin de ne pas écorcher le régime algérien, il a ajouté : “Mais nous respecterons la décision du peuple algérien qui sortira des urnes de ce référendum.” Il a clos son intervention sur la question en disant que “chaque pays doit trouver sa propre voie pour gérer ce genre de problèmes. C'est une voie particulière, et si le peuple algérien l'approuve, ce sera la meilleure pour l'Algérie”. L'assentiment des Etats-Unis à cette démarche du président Abdelaziz Bouteflika semble émaner du bout des lèvres seulement, car ne partageant guère la manière de faire. Il est clairement reproché à Alger d'avoir empêché toutes les parties de s'exprimer librement et surtout publiquement, comme l'a signalé Sean McCormack dans sa déclaration. Il faisait sans doute référence au boycott du scrutin par certains partis de l'opposition. En revanche, Paris a salué, hier, “une consultation démocratique”. “Nous saluons cette consultation démocratique à laquelle ont participé les Algériens, tant dans leur pays qu'à l'étranger, en particulier en France”, a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, M.Mattéi, lors d'un point de presse. “Le peuple algérien vient d'approuver par référendum la charte pour la paix et la réconciliation nationale proposée par le président Abdelaziz Bouteflika”, avait commencé par annoncer aux journalistes français, M. Mattéi. La France, qui avait quelque peu froissé le pouvoir algérien par sa réaction plutôt froide après la réélection de Bouteflika en avril 2004, rattrape le coup à l'occasion de ce référendum sur la paix et la réconciliation nationale. K. ABDELKAMEL