En novembre sera célébré le dixième anniversaire du Sommet de Barcelone de 1995. Dix ans après le lancement du Processus de Barcelone qui devait consacrer une zone de libre-échange dans la région de la Méditerranée, pour en faire un lac de paix et de prospérité, et un an après le Forum de l'avenir, qui s'est tenu à Rabat en 2004, il y a deux réunions très importantes qui se tiennent, en ce début du mois d'octobre, l'une en Tunisie et l'autre au Maroc. Celle qui se tient à Hammamet, en Tunisie, regroupe les ministres des Affaires étrangères de nombreux pays riverains de la Méditerranée, dont M.Mohamed Bedjaoui (Algérie), Philippe Douste-Blazy (France), Miguel Angel Moratinos (Espagne), Petros Molyviatis (Grèce), Abdelwahab Abdellah (Tunisie), Michael Frendo (Malte) et Mohamed Benaissa (Maroc). On aura remarqué l'absence des représentants de Libye et de Mauritanie. Donc ce n'est pas de la réunion des cinq + cinq qu'il s'agit, mais bien d'autre chose, même si les thèmes se recoupent. C'est ainsi que les travaux de cette conférence euro-maghrébine s'articuleront autour de trois axes principaux, à savoir : primo la dimension méditerranéenne de la politique européenne de bon voisinage, secundo la mobilisation des ressources financières et la promotion des investissements directs dans la région méditerranéenne, et tertio l'instauration d'un dialogue équilibré entre les cultures et les civilisations dans la zone méditerranéenne. Bien entendu, et comme toujours, les questions liées à la sécurité et l'émigration seront largement débattues, comme on a pu le constater lors du sommet maroco espagnol, qui s'est tenu au moment même où des clandestins tentaient d'escalader les murailles de barbelés qui séparent les enclaves de Ceuta et Melilla du royaume chérifien. La question de la circulation des personnes est donc cruciale. Les pays européens prennent conscience de la nécessité d'aider les pays africains à amorcer leur développement économique à l'effet d'endiguer les flux d'émigrants en direction des pays du sud de l'Europe. A souligner que cette conférence de Hallalet, qui regroupe des pays comme l'Algérie, la France, l'Egypte, l'Espagne, la Grèce, l'Italie, la Turquie, le Maroc, la Tunisie, Malte et le Portugal, se tient à la veille du sommet euro-méditerranéen qui célèbre le dixième anniversaire de la conférence de Barcelone de 1995 du partenariat euro-méditerranéen, qui n'a pas tenu toutes ses promesses. Quant à la rencontre de Rabat, qui se veut un colloque international sur le pluralisme politique et les processus électoraux auxquels participe une forte délégation algérienne, ses travaux dureront trois jours, et verra la participation des représentants de gouvernements et de la société civile de 28 pays de la région Mena et du G8. Ce colloque s'inscrit dans le droit fil du premier forum de l'avenir, organisé à Rabat en décembre 2004, dans le cadre de ce que l'administration Bush avait intitulé projet Grand Moyen-Orient, dont pratiquement personne ne parle plus. Toutefois ce colloque doit aborder en ateliers et en plénière des thèmes sur la bonne gouvernance, la démocratie, le pluralisme politique, les médias et le développement durable. Emma Bonino, ancienne commissaire européenne à la Pêche, a appelé à un partenariat politique durable entre les pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et ceux du G8, et plaidé pour le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance dans la région du Moyen-Orient élargie à l'Afrique du Nord. Trois ateliers thématiques étudieront le rôle des partis politiques, les normes électorales, ainsi que l'accès aux médias et au pluralisme politique.