Peu pimentés, tièdes, épaisses, les cocas à 30 DA du Mik Bar de la place de l'Emir à Alger « où on est sûr d'être bien servi », dit le slogan auraient sans doute provoqué l'émotion (gustative) de William S. Burroughs, l'un des « papes » de la Best Generation... Mais lui fréquentait le Milk Bar en 1956, en pleine guerre d'Algérie se faisant servir chaque matin son petit déjeuner à la terrasse. Seule, semble-t-il, l'hostilité du consul américain l'avait obligé à prolonger son séjour à Alger, malgré la guerre. Le consul savait que ses proches étaient bourrés de substances illicites et le problème (des papiers) de Burroughs était le dernier de ses soucis. Finalement, sans papiers, Burroughs a pris le train d'Oran et de là, sans que son attention s'éternise, il regagna Oujda puis Tanger. Best Generation, une anthologie, c'est un ouvrage de 382 pages publié aux éditions Al Dants (France). Le livre regroupe des textes d'auteurs américains qui ont créé un vaste mouvement littéraire, connu comme étant The Best Generation. A côté de William S. Burroughs (qui raconte au passage ses virées au Milk Bar), il y a Jack Kereux (On the road), Allen Ginsberg (Heul), Gregory Corse, Laurence Ferlinghetti... Ces auteurs ont en commun d'avoir vécu à Tanger, sans que Boules fasse partie de leur groupe, et d'avoir voyagé au Mexique, en Italie, en France et fait escale à Alger... Si Burroughs, mort en 1997, était revenu place de l'Emir après l'indépendance, il aurait certainement connu aussi Boualem Titiche, figure algérienne hautement artistique, voisin du Milk Bar...