Lors d'une visite éclair effectuée à Oran, au Palais du bey, Khalida Toumi, ministre de la Culture, a particulièrement insisté sur le fait que « lorsqu'un site historique est classé, la partie qui l'entoure, sur un rayon de 500 m devient de fait incessible et inaliénable ». Au début des années 1980, cet « oubli », peut-être prémédité, a fait en sorte que les travaux d'un hôtel de 20 étages ont pu démarrer, mais n'ont jamais été achevés. Plus de 20 ans après, la carcasse en béton de cet édifice est toujours là comme une plaie au milieu du site le plus représentatif de l'histoire de la ville, datant du tout début du Xe siècle. Propriété de l'Etat, plus exactement de l'Entreprise de gestion touristique (EGT) de Sidi Fredj, cet édifice, appelé communément hôtel Château-Neuf, a déjà fait l'objet d'avis d'appel d'offres et a failli être cédé à des particuliers si ce n'est la difficulté d'accès qui aurait nécessité la destruction de la porte d'entrée (classée en tant que telle) du Rozalcasar, appellation espagnole du site. Aujourd'hui, notamment avec cette visite ministérielle consacrée exclusivement au site, l'option de vente semble être définitivement écartée. Une solution extrême consistant en une démolition pure et simple a été même proposée. Mais, à ce propos, ce monstre en béton exigera une technique adéquate pour ne pas abîmer le reste des vestiges du Palais, classé depuis la période coloniale mais uniquement par parties : la porte d'entrée, le pavillon de la favorite, l'écusson espagnol, etc., c'est-à-dire pas en tant qu'entité globale, soit près de 7ha de superficie. Mme la ministre était accompagnée d'une délégation comprenant le directeur de l'Agence nationale d'archéologie, la directrice de l'Office de gestion des biens culturels et le directeur de la restauration de ces biens au ministère de la Culture. Ce « comité d'experts » devra, suite à un entretien avec les autorités locales mais aussi, éventuellement tel que revendiqué ici, avec les élus et le mouvement associatif, sortir avec la proposition d'une solution concrète. « La carcasse est située sur une zone de protection légale et les erreurs commises doivent être corrigées », devait déclarer Mme Toumi lors d'une rencontre avec la presse locale convoquée au TRO. Les bâtiments seront restaurés et l'ensemble du site sera réhabilité et aménagé en vue d'un classement spécifique, devait-elle également promettre. Mieux encore, « tous les sites restaurés vont désormais être gérés de manière à générer de l'argent, selon un cahier des charges préétabli avec les directions de la culture », devait-elle encore préciser. Suite à une rencontre entre les ministres de la culture algérien et polonais et, plus tard, à un protocole d'accord signé en tripartite (incluant l'université Mohamed Boudiaf USTO), le Palais du bey a de fortes chances d'être pris en charge par une firme polonaise (PKZ BHZ) spécialisée dans le domaine et qui a déjà, dit-on, pris en charge la citadelle d'Alger. Les experts polonais ont déjà effectué une visite sur site et, fait avantageux, l'accord signé prévoit un transfert de savoir-faire. Pour revenir à l'histoire de cette « erreur », Mme Toumi a affirmé que le ministre de la Culture de l'époque, le défunt Abdelmadjid Meziane, n'a jamais donné son accord pour l'érection de cet hôtel. Elle atteste que celui-ci, à qui on doit par ailleurs d'avoir sauvé le Bastion 23, a été trahi par un de ses subalternes. « Je sais aussi que, depuis ce temps-là, les Oranais ont également tout fait pour faire échouer ce projet indigne », a-t-elle indiqué en guise de reconnaissance. Aujourd'hui encore, après plusieurs tractations, la société civile se bat également pour une meilleure prise en charge du patrimoine culturel matériel ou immatériel. « Le président de la République est décidé que la loi soit appliquée », a-t-elle également souligné. Quant au montant réservé à la restauration du Palais du bey, Mme la ministre a précisé que cela dépendra de la destination qu'on voudra donner au projet (un musée par exemple).