En dépit des fortes réserves de change estimées à 60 milliards de dollars auxquelles s'ajoute joyeusement la flambée historique des prix du pétrole - le baril a atteint 70 dollars - à tel point que les experts osent parler d'un choc pétrolier, à l'instar de celui d'octobre 1973 et en accueillant de nouvelles découvertes de gisement de gaz et de pétrole au Sud annoncées périodiquement par Sonatrach, la situation « asphyxique » socio-économique et les aspects culturels misérables des Algériens n'ont pas évolué d'un iota. Oh ! Combien notre pays est beau et riche ? En revanche, on assiste à une criminalité de besoin enregistrée dans les rangs de 30 millions d'Algériens. Pour rappel, au courant de l'année 1995, quand le pétrole était à 9 dollars le baril, le pouvoir politique sous l'égide de Zeroual demandait au peuple de serrer la ceinture en admettant toutes formes de restriction. Cette fois-ci, c'est réciproquement à lui de desserrer l'étau de pauvreté sur ce brave peuple. Ce dernier a avancé beaucoup de sacrifices, en se tenant debout comme un seul homme à chaque étape douloureuse décisive de notre histoire. Pour cela, on se rappelle largement de nombreuses étapes de notre histoire, illustrées par des témoignages en commençant par la résistance populaire en 1830, la pratique de la déportation, les événements sanglants du 8 Mai 1945, la déclaration de la guerre contre l'occupant colonial français en 1954, la maturité politique en 1956 illustrée par l'organisation du Congrès de la Soummam et se sont soldées par l'arrachage de l'indépendance en 1962 au prix du sang de un millions et demi de martyrs, sans toutefois oublier les vicissitudes de la période de post-indépendance. Aujourd'hui, avec cette importante manne embellie financière, 60 milliards de dollars, pourquoi le peuple est pauvre ? Pourquoi subit-il uniquement des augmentations de ses factures et non de ses bourses mensuelles ? La perte du pouvoir d'achat et l'incapacité des pères de famille à subvenir aux besoins élémentaires de leur progéniture sont des indices rouges dans une société en mal de vivre. Le scénario répétitif des manifestations répandues dans les quatre coins du pays à cause du manque d'eau potable, des routes impraticables, du chômage, du logement, de la hogra, du mépris des cercles obscurs et de l'absence d'une réponse favorable aux revendications exprimées sont également des indices révélateurs du dysfonctionnement et le désintéressement du pouvoir politique, la plateforme d'El Kseur demeure dans le fond insatisfaite.Devant cette impasse, ces malentendus historiques et conjoncturels inhérents à la vie quotidienne, des millions d'Algériens devraient être pris en charge comme éléments clés dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale, tant réclamée par de nombreux acteurs politiques et ayant drainé des foules durant des meetings. Pis, aujourd'hui étant le pays riche et en quête de paix sociale, pourquoi on compte des millions de misérables au détriment des ambiguïtés du pouvoir politique et de la thésaurisation de l'argent du pétrole. L'Algérien ne mérite pas de partir à la tombe le ventre vide. Une interrogation s'impose. Quand le pouvoir tracera-t-il une stratégie économique ? Quand la population se servira-t-elle de cette manne financière ? Historiquement parlant, si Boumediène et Chadli avaient réalisé de fameux complexes et usines respectivement durant les deux chocs pétroliers, ceux de 1973 et de 1982, aujoud'hui, que fera Bouteflika avec le flux d'argent du pétrole ? Dépendant de l'apport de cette ressource en hausse, il est clair, aujourd'hui, que le pouvoir en place ne sera pas consciensieusement myope. Les Algériens se souviennent fraîchement de la panoplie des promesses du président réélu à forte majorité, égale à 85%. Ils sont dans l'attente et frappés de mécontentement devant l'immobilisme du gouvernement. Malgré sa reconduction, une nouvelle dynamique économique et sociale est attendue par l'introduction de l'embellie financière dans la locomotive d'investissement liée à tous les secteurs d'activité. La prise en charge réelle des franges de la société en besoin d'un poste d'emploi, d'un toit décent, de lait et de pain demeure contestable. Voilà, l'Algérien n'est ni exigeant ni exagérant. Il attend un changement tangible dans son vécu quotidien. L'histoire retiendra entièrement les résultats. Il réclame une bourse mensuelle à hauteur de son sacrifice pour préserver sa dignité humaine. Sur un autre registre, une question pertinente mérite d'être posée. A quoi sert d'économiser de l'argent à l'heure où l'investissement national est encouragé à tambour battant ? Car, avec ce rythme ralenti de l'appareil économique, que proposera l'Algérie comme produits biens matériels et immatériels sur le marché de l'OMC dans les prochains mois ? L'Algérien deviendra-t-il consommateur, producteur ou observateur ? L'avenir proche nous renseignera sur les détails. En l'absence d'une compétence avérée en vue de la bonne gestion et management des ressources à court et long termes, basée sur une stratégie prévisionnelle en vue d'en assurer une relève capable, l'Algérie reste victime. ce fait, la société est scindée en deux strates : les riches qui s'enrichissent davantage et les pauvres qui assument une criminalité d'exploitation née d'un besoin de survie. Néanmoins, hormis l'intelligentsia du gain, la rente doit être partagée équitablement entre les enfants de l'Algérie au diapason de l'effort fourni. Prenons à titre d'exemple les récentes augmentations discriminatoires des salaires qui sont largement significatives. Des miettes pour les pauvres et des millions pour les riches. Quelle justice sociale ! Il est illusoire de constater la délinquance de la classe politique constituée de forces, dites démocratiques et patriotiques et un espoir radieux des futures générations controversées. En perspective, l'équilibre doit être retrouvé. Cet état de fait perdure, le régime de gouvernance établi, par ricochet, il s'est soldé par un choc de la victoire remportée. Défiant toutes logiques et alternatives, le pouvoir se voit un garant de la bonne santé de l'Algérie.Combien encore faut-il de sacrifices pour y aboutir ?