Les analystes estiment que raffineurs et producteurs auront du mal à répondre à la forte demande. Les prix du pétrole viennent d'atteindre de nouveaux records au vu de l'inquiétude galopante quant à une pénurie de l'or noir en fin d'année, conjuguée à la vigueur des Etats-Unis, premier consommateur mondial, que cette flambée ne semble toujours pas affecter. Emportés par les inquiétudes quant à l'approvisionnement pour la fin de l'année, les prix du pétrole viennent de dépasser pour la première fois en Asie la barre des 60 dollars, établissant un nouveau record à 60,47 dollars. Tous les contrats à terme sur le brut américain jusqu´à avril 2006 s´échangent à plus de 60 dollars le baril, celui de décembre 2005 ayant dépassé le pic de 61,90 dollars. Les analystes estiment que les prix continueront à grimper. «Le pétrole pourrait certainement aller au moins jusqu´à 63-65 dollars dans la semaine s´il se maintient au-dessus de ce seuil» souligne Daniel Hynes, de la ANZ Bank de Melbourne. Cette progression des prix alimente les scénarios les plus fous pour les prochains mois et années au point que des experts évoquent même un baril à près de 400 dollars d'ici 2015, par analogie aux chocs pétroliers des années 70. Déjà, il y a de cela trois mois, un analyste de Goldman Sachs prédisait des échanges à 100 dollars. Selon des experts, outre les tensions géopolitiques, la spéculation sur une insuffisance des capacités de raffinage dans la perspective du quatrième trimestre et l´arrivée du froid dans l´hémisphère nord, ne font qu'affoler le baromètre des prix de pétrole. Les observateurs sont unanimes à dire que raffineurs et opérateurs auront du mal à répondre à la forte demande dans l'hémisphère nord. Les spéculations ont en outre incité la hausse des cours du pétrole au point qu'il n'est pas exclu que ces hausses de prix soient maintenues pendant des mois, voire des années. Aujourd'hui, ni les fondamentaux de la demande ni ceux de l´offre ne sont respectés. Pour y faire face, l'Opep a décidé de relever son plafond de production de 500.000 barils par jour lors de sa réunion plénière du 15 juin à Vienne. Cette décision n'a pas eu l'effet escompté du fait que l'Opep produit déjà au-dessus de ses quotas. Dans ce contexte, le président de l´Opep, le ministre koweïtien du Pétrole Ahmad Al-Fahd Al-Sabah, a déclaré que les consultations étaient en cours en vue d´un deuxième relèvement de 500.000 barils par jour. Cette décision, selon les analystes, ne devrait pas non plus influencer fortement les cours. L´élection à la présidence iranienne de l´ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad est également de nature à soutenir les cours. Le président élu s´est engagé à donner la priorité aux investisseurs locaux pour l´exploitation des richesses pétrolières du pays. Par ailleurs, le net ralentissement de la croissance de la production pétrolière russe, qui commence à susciter des inquiétudes, n'est pas de nature à calmer les prix. Devant cette flambée des prix et l'augmentation des quotas, les exportations d'hydrocarbures durant les cinq premiers mois de l'année ont rapporté à l'Algérie quelque 17,2 milliards de dollars avec une moyenne de 44 dollars pour le panier de référence de l'Opep dont l'Algérie fait partie. Si les prix stagnent à ce niveau ou dépassent la barre des 65 dollars, il est fort possible que les recettes algériennes dépasseraient de loin les 40 milliards de dollars estimés par Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. En filigrane les réserves de change vont augmenter, ce qui permettrait aux pouvoirs publics de procéder au remboursement de plus d'un milliard de dollars par anticipation des 21 milliards de dollars qui constituent la dette extérieure de l'Algérie, tel que préconisé par Mourad Medelci, ministre des Finances. Ce qui permettrait également à l'Algérie de mieux souffler aussi bien sur le plan économique que politique.