Cette embellie financière n'aura des répercussions positives que si elle est utilisée à bon escient. De plus en plus les bourses de l'Algérie s'alourdissent. Selon les déclarations de Mourad Medelci, premier argentier du pays, les réserves officielles de change algériennes ont atteint un nouveau record historique de 49 milliards de dollars. C'est du moins le chiffre avancé par le ministre des Finances. S'exprimant en marge du Conseil de la nation où la loi de finances complémentaire pour 2005 venait d'être adoptée, Mourad Medelci a déclaré «les réserves de change de l'Algérie tournent actuellement autour de 48-49 milliards de dollars». La flambée des cours internationaux du pétrole depuis près de deux ans est à l'origine de ces sommes record. Les cours du brut dépassent actuellement les 60 dollars par baril après avoir frôlé les 70 dollars. En effet, les prix de l'or noir qui ont atteint des records historiques ont fait engendrer à l'Algérie des sommes jamais égalées. Déjà à la fin du mois de mai passé, ces réserves étaient de 46 milliards de dollars contre 43,1 milliards de dollars à la fin 2004 et 32,9 milliards de dollars en 2003, soit une augmentation de près de 14 milliards de dollars. Ce qui est, au demeurant et comparativement à la situation catastrophique des années 1999 où les réserves de change s'élevaient à 4,4 milliards de dollars, une manne inestimable. Il est utile de rappeler que les réserves de devises sont passées de 4,4 milliards de dollars en 1999 à 11,9 milliards en 2000 puis à 17,9 milliards en 2001, avant de connaître une reconstitution conséquente en 2002 pour dépasser, à cette date, les 23 milliards de dollars. Cette tendance à l'accumulation a été confirmée, au mois de mars dernier, par le Fonds monétaire international (FMI). Cette institution financière estime que les avoirs en devises de la Banque d'Algérie atteindront près de 95 milliards de dollars, en 2009. Et si les cours du baril de pétrole demeurent pour longtemps au niveau actuel, c'est-à-dire à 50 dollars, les réserves de change engrangées par l'Algérie dépasseront à coup sûr les prévisions du FMI. A en croire certains experts, la progression des cours se portera, si seulement le prix moyen du baril est de 30 dollars, à près de 60 milliards de dollars à la fin de l'année en cours. Cependant, avec la flambée des cours internationaux du pétrole depuis plus d'une année, ce seuil sera sans l'ombre d'un doute, largement dépassé. D'autant que les prix de l'or noir ont rebondi hier pour atteindre les 63, 77 dollars sur le marché asiatique après que l'Agence internationale de l'Energie (AIE) eut rendu public son rapport. Ce qui a ravivé les inquiétudes des investisseurs concernant l'approvisionnement en pétrole en raison des dommages causés par les cyclones. L'AIE a en effet noté qu' «un grand nombre de conditions doivent être remplies pour que le marché puisse totalement compenser les pertes de pétrole brut et raffiné» dues aux cyclones. «Les prix ont ensuite été dopés par la publication du rapport quotidien du MMS montrant qu'il y avait toujours 71% de la production de brut du Golfe qui était bloquée», a-t-il ajouté. La production de pétrole du golfe du Mexique était arrêtée à 70,84% et celle de gaz naturel à 60,42% mardi, selon l'agence fédérale américaine Minerals Management Service, en raison des dégâts provoqués par le passage des deux cyclones Katrina et Rita rapportent les agences de presse. Ce qui devrait donner un coup de pouce aux prix du brut. Ce dont l'Algérie ne pourra que tirer profit tel que rembourser la dette extérieure par anticipation et qui s'élève, selon la Banque d'Algérie à 21, 821 milliards de dollars en 2004. Aussi, cette embellie financière dans laquelle baigne notre pays n'aura des répercussions positives que si elle est utilisée à bon escient.