Et tout s'effondra comme un château de cartes. Durant toute sa longue carrière, le Bureau d'études de Mila (BEM) - organisme public à entité économique investi dans la réalisation des études relatives aux programmes d'habitats équipements sociaux ainsi que celles relatives à l'urbanisme général et opérationnel - n'a jamais essuyé une pareille remise en cause de la part des services de la wilaya. Preuve en est qu'il a été plébiscité à part entière à l'issue du concours d'architecture en vue de la réalisation du centre universitaire de Mila auquel ont pris part 6 autres prétendants, mais qu'il serait par la suite déchu de cette consécration méritoire, en raison, semble-t-il, de supposés vices de formes relevés dans le cahier des charges, mais qui n'ont pas été sans pousser les décideurs à surseoir à la décision prise par le comité des marchés de la wilaya. A l'heure qu'il est, aucune notification officielle n'est venue corroborer ses assertions, nous indique Mohamed Boudjeriou, directeur général du BEM quoique sur un plan informel, au demeurant, nous avons été saisis par la direction du logement et des équipements publics (DLEP) au sujet de la reconfiguration du projet, d'où l'extension de son assiette pour l'aménagement d'une plus grande université, et non pas un centre universitaire comme initialement prévu. Plus concrètement, le profilage du futur campus de Mila, qui étalera son manteau sur une superficie de 32 ha, devra offrir 1000 places pédagogiques et 500 lits extensibles, tout en laissant la latitude aux BEM « compétiteurs » pour le projet de densifier le site. Se gardant de monter sur ses grands chevaux pour une affaire, somme toute abracadabrante, encore moins se substituer à l'autorité du wali, notre interlocuteur lâchera cependant bride à sa déception et sa frustration, d'autant plus que la structure de contrôle qui a piloté le concours d'architecture est dûment représentative, car composée d'un jury de 9 membres, entre professeurs universitaires, les organismes administratifs et le représentant de l'ordre des architectes. Bénéficier d'une attribution provisoire du marché (publiée par voie de presse) et satisfaire amplement aux rigoureux critères de l'offre technique et financière pour se voir, en fin de compte, coiffer au poteau, voilà une bien étrange affaire que d'aucuns parmi les 80 travailleurs du siège de la DG et ceux de l'antenne de Mila assimilent à une tentative de liquidation de l'entreprise. Cette dernière est pratiquement présente à l'échelle du territoire national avec les antennes d'Alger, d'Oran, de Constantine et bientôt de Annaba, ainsi que le montage d'une cellule à Sétif, employant un effectif total de 160 agents, dont 63% de l'encadrement sont universitaires, architectes et cadres assimilés. C'est dire qu'au BEM de Mila, la performance et le professionnalisme font bon ménage, sans pour autant diminuer du mérite des autres partenaires, notamment les deux prétendants présélectionnés, dont les recours introduits demeurent dans le fond recevables. Dès lors, un traitement équitable et sans compromission aucune est ardemment souhaité par les différents partenaires, surtout que l'échéance de livraison du centre universitaire, prévue pour la rentrée de 2006/2007, avance à grands pas. Par ailleurs, le BEM est l'une des rares entreprises de la wilaya de Mila qui reste debout et s'affirme comme une entité économique qui cherche la stabilité et l'équilibre socioéconomique, et non l'enrichissement. Plaident à sa faveur, une cotisation mensuelle à la CNAS de 100 millions de centimes et un volume des charges fixes de l'ordre de 4 millions de dinars. « Notre organisme, renchérit, Abdelhafid Siari, directeur du suivi, dépend hiérarchiquement de la Société de gestion des participations (SGP) Est et Sud-Est, dont le siège est à Annaba, demeure un outil de l'Etat qui a pour devise la quête de la performance et de l'efficacité dans la perspective de développement de la wilaya, quoique nous évoluons dans un environnement. » Avec son large éventail d'ingénieurs en VRD, béton, chauffages et topographes, le BEM a inscrit en lettres de noblesse son combat pour le développement d'une wilaya en butte aux incohérences et aux contradictions de ses responsables. Deux prix nationaux d'architecture en 1995 et 1997, récipiendaire de deux autres distinctions honorifiques du ministère de l'habitat pour le projet de la CNR de Jijel en 1998 et le projet d'urbanisme de la ville de Sétif en 2002, et enfin, lauréat au concours d'idées d'aménagement du pavillon Algérie à l'exposition de Lisbonne (Portugal) et du projet des 75 logements du fonds d'Abu Dhabi à Annaba, le BEM a forcé le respect et l'admiration de nombreux partenaires étrangers et nationaux grâce à son savoir-faire dans le domaine et son professionnalisme aiguisé. La balle est dans le camp des décideurs.