La capitale du Cachemire pakistanais est une ville totalement dévastée au lendemain du séisme d'une magnitude de 7,6 sur l'échelle de Richter qui a tué au moins 18 000 personnes dans les montagnes du nord du Pakistan. « La dévastation est totale, cela ressemble à la Cité de la mort », raconte l'envoyé spécial de l'agence Reuters à Muzaffarabad, une ville abritant normalement 80 000 habitants. La plupart des maisons, des blocs administratifs et des commerces se sont effondrés dans les bourgades montagneuses. Les bâtiments qui ont résisté à la secousse sismique sont fissurés et personne ne se risque à s'y aventurer. Les collines verdoyantes du Cachemire, avec leurs villages de bois, de brique et d'argile séché, jadis attraction touristique, se sont transformées en un piège mortel. Les habitants affolés de Muzaffarabad, les regards effrayés, ont passé la nuit de samedi à dimanche à la belle étoile, par des températures polaires, dans des champs, des parcs, des voitures, voire même dans des cimetières. Les visages blêmes se démultiplient à l'infini. La situation est catastrophique. Les sinistrés qui ont faim manquent de nourriture parce que les magasins et les marchés n'ont pas rouvert. L'armée pakistanaise a installé à la hâte des campements et fourni quelques denrées alimentaires aux rescapés de cette tragédie. Selon les témoins, une aide massive est nécessaire. De nombreux étudiants de l'université de l'Azad Jammu-et-Cachemire restent ensevelis sous les décombres. Le jour où la terre a tremblé, Il y avait cours. 45 répliques, parfois impressionnantes, ont été enregistrées depuis 24 heures ; elles ressuscitent la peur... Le Pakistan a déclaré hier trois jours de deuil national. Le bilan « s'alourdit d'heure en heure », a confirmé le ministre de l'Intérieur, Aftab Sherpao, lors d'une conférence de presse à Islamabad, avant d'ajouter : « L'horreur de la situation dépasse l'imagination. » Six nouveaux experts de l'ONU sont attendus pour prêter main-forte à une équipe de huit experts, arrivée déjà à Islamabad pour évaluer mais surtout coordonner l'aide humanitaire. 100 000 dollars ont été débloqués par l'organisation onusienne au titre de l'aide d'urgence. La Turquie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l'Allemagne, le Japon, la Corée du Sud et la Suisse ont déjà envoyé des équipes de secours dans les régions sinistrées. De son côté, la Banque mondiale a offert au Pakistan 20 millions de dollars d'aide pour faire face aux conséquences du séisme. « Ce genre de situation appelle une forte générosité de la part des donateurs. Le défi est de coordonner cette générosité pour la rendre plus efficace », a souligné Paul Wolfowitz, président de cette organisation. Le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, a lancé un appel à l'aide internationale pour faire face à « la plus importante tragédie de notre histoire ». Le séisme a fait plus de 20 000 morts confirmés et 42 397 blessés, dont plus de 17 000 dans la seule province himalayenne du Cachemire, ont annoncé hier les autorités pakistanaises. Le ministre des Communications de la province du Cachemire, Tariq Farooq, avait évoqué une « estimation provisoire de plus de 30 000 personnes » tuées dans sa région.